À quelques jours d'une décision du département américain du Commerce, pas moins de 10 sénateurs et membres de la Chambre des représentants ont jusqu'ici rappelé à Washington de ne pas négliger les retombées économiques générées par Bombardier au sud de la frontière.

L'avionneur québécois saura mardi si l'administration Trump imposera ou non des droits compensatoires préliminaires à l'endroit de la CSeries dans la foulée de la plainte déposée par Boeing au printemps.

Après des représentants des États du Kansas et de la Virginie-Occidentale le mois dernier, deux sénateurs du Connecticut et un membre de la Chambre des représentants ont envoyé une lettre cette semaine au secrétaire au Commerce, Wilbur Ross, ainsi qu'au représentant au Commerce, Robert Lighthizer.

S'ils ne s'opposent pas aux moyens visant à ce que le «terrain de jeu» soit le même pour tous, les signataires rappellent que de nombreux travailleurs américains sont mis à contribution dans le programme de la CSeries.

«Plus de la moitié des pièces de l'avion sont fabriquées en Amérique», écrivent les sénateurs Richard Blumenthal et Christopher Murphy ainsi que le membre de la Chambre des représentants John Larson.

De plus, les moteurs qui propulsent la CSeries sont construits par le géant Pratt & Whitney, dont le siège social se trouve à East Hartford, au Connecticut, précisent-ils.

Ils ajoutent que Bombardier fait également affaires avec de nombreuses compagnies et fournisseurs en provenance de cet État et que l'avionneur québécois compte 300 employés à Windsor Locks, où s'effectue de la réparation d'appareils.

«Nous vous exhortons à vous pencher sur la pertinence de cette dispute (commerciale) en plus de vous inciter à ne pas prendre de mesures qui viendraient mettre en péril des emplois du Connecticut qui dépendent de Bombardier», font valoir les signataires.

MM. Blumenthal, Murphy et Larson soulignent également que Boeing a tissé des «liens importants» avec le Connecticut, ajoutant qu'ils sont d'avis qu'il est possible de trouver une solution négociée à cette dispute commerciale.

Ni Bombardier (TSX:BBD.B) ni Boeing (NYSE:NA) n'avaient répondu aux questions de La Presse canadienne envoyées par courriel, vendredi après-midi.

La plupart des analystes financiers, ainsi que l'avionneur québécois, s'attendent à ce que les autorités américaines annoncent l'imposition de droits préliminaires sur les CSeries qui seront livrés au sud de la frontière.

Même si des mesures punitives sont annoncées, il n'y aura pas d'impact immédiat pour Bombardier, étant donné que les premières livraisons à Delta Air Lines ne doivent débuter qu'au printemps 2018.

Échaudé par la commande de 75 avions CS100 décrochée auprès du transporteur établi à Atlanta l'an dernier, Boeing allègue que les subventions octroyées à l'avionneur québécois lui avaient permis de vendre ses CSeries à des prix «dérisoires».

Le géant de Chicago demande l'imposition d'un droit compensatoire d'au moins 79,41 %, ainsi que d'un droit antidumping de 79,82 %, sur les ventes d'appareils CSeries aux États-Unis.

Cette dispute commerciale a incité Ottawa à se mêler du dossier en laissant entendre qu'il pourrait abandonner son plan d'acheter 18 avions de combat Super Hornet, construits par Boeing, pour plusieurs milliards de dollars.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a reçu l'appui de son homologue britannique, Theresa May, qui souhaite protéger des emplois en Irlande du Nord, où quelque 4200 personnes fabriquent les ailes des appareils CSeries. Celle-ci a interpellé en personne le président américain Donald Trump à ce sujet lors d'un entretien dans le cadre de la nouvelle session de l'Assemblée générale des Nations unies.