Le géant de l'aéronautique Boeing semble recevoir un accueil plutôt froid du gouvernement Trudeau à Paris - un autre indice démontrant que les libéraux pourraient remettre en question l'achat d'avions de chasse Super Hornet.

Trois ministres fédéraux se trouvent dans la capitale française cette semaine pour promouvoir le secteur canadien de l'aéronautique et s'entretenir avec plusieurs entreprises à l'occasion du Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris, l'une des plus grandes expositions du genre dans le monde.

Ces entretiens incluent des discussions avec des constructeurs d'avions-chasseurs comme Lockheed Martin, qui espère que ses F-35 remplaceront les CF-18 vieillissants du Canada.

Des rencontres avec des représentants canadiens et trois autres constructeurs - le Français Dassault, le Suédois Saab et le consortium européen Eurofighter - ont également été organisées.

Les ministres du Transport, Marc Garneau, et de l'Industrie, Navdeep Bains, ont toutefois affirmé ne pas avoir l'intention de s'entretenir avec les représentants de Boeing, malgré les discussions antérieures sur le possible achat de 18 avions de combat Super Hornet sur une base intérimaire.

M. Bains a d'ailleurs évoqué précisément la plainte de Boeing au département américain du Commerce contre son rival canadien Bombardier pour expliquer cette rebuffade.

«Nous croyons que cette approche est insensée et nous avons été très clairs sur le fait que nous rejetons les allégations qu'ils font», a confié M. Bains par téléphone. «D'où le fait que nous n'ayons eu aucun échange avec Boeing à ce point-ci.»

L'entreprise américaine s'est aussi vu retirer son invitation à une réception organisée par l'ambassadeur canadien en France, Lawrence Cannon, selon une source qui a requis l'anonymat.

Le gouvernement libéral avait annoncé en novembre son intention d'acheter 18 Super Hornet «par intérim» pour combler le manque d'avions de chasse en attendant de remplacer toute la flotte de CF-18 à compter de 2019.

À l'époque, il expliquait que les Super Hornet étaient les seuls appareils à satisfaire ses besoins immédiats. Mais c'était avant que Boeing ne formule une plainte commerciale contre Bombardier, alléguant que l'entreprise québécoise vend ses appareils CSeries à des prix modiques en raison de subventions du gouvernement fédéral. Les autorités américaines enquêtent sur la plainte et décideront dans les prochaines semaines ou mois si elles pénaliseront financièrement Bombardier.

Le gouvernement libéral a exprimé son mécontentement et maintenant, le projet d'achat des Super Hornet est sur la glace, a confirmé le ministre des Transports, Marc Garneau.

«La nécessité est là. Mais nos discussions particulières avec Boeing sont en suspens. Ainsi, nous verrons ce qui arrive dans les prochaines semaines avec cela», a-t-il indiqué.

Toutes les options sont sur la table pour obtenir les avions temporaires, ont dit les deux ministres. Or, M. Bains a dit qu'il était trop tôt pour avoir des discussions précises sur le sujet avec Lockheed Martin, ou d'autres.

Le ministre Bains a indiqué que les discussions avec Lockheed avaient plutôt porté sur les projets du Canada dans le secteur spatial.

PHOTO ARCHIVES REUTERS

Un Super Hornet décolle du USS Dwight D. Eisenhower dans la mer Méditerranée, en juin 2016.