Le gouvernement Trudeau met les bouchées doubles pour accélérer l'étude du financement du futur Réseau électrique métropolitain (REM) afin de respecter le calendrier serré que s'est fixé la Caisse de dépôt et placement du Québec pour la construction de cet important projet de transport collectif à Montréal.

Le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, a indiqué à La Presse, hier, que son Ministère a eu recours à une mesure exceptionnelle en embauchant quatre experts financiers du secteur privé pour donner un coup de main dans l'évaluation de ce mégaprojet si cher au gouvernement du Québec et à la Ville de Montréal pour alléger la congestion sur les routes de la métropole.

Ces experts de la firme torontoise Blair Franklin Capital Partners doivent lui remettre leur rapport définitif d'ici deux mois sur la meilleure route à suivre pour financer le projet - soit un financement qui pourrait être assuré par l'entremise de la nouvelle Banque de l'infrastructure ou encore en utilisant les fonds fédéraux déjà mis de côté pour les programmes d'infrastructures plus traditionnels, a indiqué le ministre.

« Nous comprenons fort bien que ce projet est très important pour la province de Québec et la Ville de Montréal. J'ai rencontré le maire Denis Coderre dimanche soir et nous avons discuté de ce projet. Nous allons nous assurer que le gouvernement fédéral soit là pour appuyer ce projet si essentiel. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour respecter le calendrier serré qui a été établi », a affirmé le ministre.

QUELLE SERA LA CONTRIBUTION DU FÉDÉRAL ?

En entrevue, le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités refuse de montrer son jeu quant à la contribution financière du gouvernement fédéral à ce projet. En coulisses, toutefois, on indique qu'Ottawa est prêt à débourser quelque 1,3 milliard de dollars, comme le réclame le gouvernement du Québec. « Nous ne pouvons pas discuter tout de suite de la somme qui sera investie. Nous devons faire nos devoirs avant tout. Mais une fois que nous aurons fait nos devoirs, nous allons travailler étroitement avec la province de Québec pour faire avancer ce projet. [...] Nous avons reçu tous les détails finaux du projet à la mi-mars. Nous travaillons sans relâche sur ce projet depuis », a indiqué le ministre.

La Caisse de dépôt souhaite entreprendre les travaux dès l'automne de sorte que le train puisse rouler au plus tard à la fin de 2020. « Le défi que nous avons, c'est que la Banque de l'infrastructure n'a pas encore été formellement créée. Alors, le calendrier est particulier, et c'est pour cette raison que nous avons fait appel à des experts du secteur privé », a-t-il ajouté.

UN PROJET TRANSFORMATEUR

Pour le ministre Sohi, le REM correspond au genre de projet qu'Ottawa souhaite ardemment appuyer. D'une part, un tel projet permettra de réduire à la fois la congestion sur les routes de Montréal et la pollution. D'autre part, cela permettra aux travailleurs de passer moins de temps dans leur voiture et plus de temps avec leur famille.

« Chaque fois qu'un projet de transport collectif permet de réduire la congestion et d'augmenter la productivité, c'est un projet transformateur. Je suis un ardent défenseur du transport collectif. » - Amarjeet Sohi

« Mon expérience en tant que conseiller municipal à Edmonton, et avant cela en tant que chauffeur d'autobus, m'a bien démontré l'importance d'avoir un bon système de transport en commun », a-t-il dit.

Selon lui, les municipalités doivent voir en lui un allié important à la table du cabinet pour ces projets. « De tels projets permettent de créer de la croissance économique, de créer de nouvelles opportunités. Cela permet d'améliorer aussi la qualité de vie des gens. Quand une personne est coincée dans la circulation, c'est non seulement une perte de productivité, mais cette personne passe aussi moins de temps de qualité avec sa famille, ses enfants. C'est pourquoi nous croyons dans ces investissements », a-t-il ajouté. M. Sohi a par ailleurs souligné que le gouvernement fédéral a aussi injecté près de 950 millions dans les projets de transports en commun au Québec au cours des 12 derniers mois.

LA BANQUE DE L'INFRASTRUCTURE

Même si le gouvernement du Québec s'est dit déçu de la décision du gouvernement Trudeau d'établir la nouvelle Banque de l'infrastructure à Toronto au lieu de Montréal, le ministre Amarjeet Sohi a soutenu que l'endroit où est située cette nouvelle créature est « secondaire ». Car, selon lui, « la principale chose pour nous a toujours été de nous assurer de structurer la banque d'une manière qui permettra aux municipalités de construire de nouvelles infrastructures dont elles ont besoin. C'est là que se trouve la croissance. La Banque sera une petite entité. Ce ne sera pas une entité qui va employer beaucoup de personnes. Le vrai potentiel se trouve dans les projets qui seront financés. »

photo sean kilpatrick, archives La presse canadienne

Le ministre de l'Infrastructure et des Collectivités, Amarjeet Sohi, a indiqué à La Presse, hier, que son ministère a eu recours à une mesure exceptionnelle en embauchant quatre experts financiers du secteur privé pour donner un coup de main dans l'évaluation du REM.