En dépit de son litige médiatisé avec Metrolinx en Ontario, Bombardier estime toujours avoir la confiance des usagers du transport en commun de la région torontoise, selon le président de la division ferroviaire de l'entreprise, Laurent Troger.

Craignant que Bombardier ne puisse respecter certains échéanciers, l'agence de transport régional ontarienne a octroyé vendredi dernier un contrat de 528 millions de dollars au constructeur français Alstom pour 61 voitures de trains légers (VLR).

Certains de ces véhicules d'Alstom pourraient être redirigés vers la ligne ferroviaire Eglinton Crosstown advenant que Bombardier ne puisse livrer à temps les 182 voitures de trains légers (VLR) commandées en 2010 pour 770 millions de dollars.

Dans le cadre d'une table ronde organisée à Montréal, lundi, M. Troger n'a pas voulu commenter la décision de Metrolinx de se tourner vers Alstom. Toutefois, lorsque questionné sur l'incidence de ce différend sur l'image de Bombardier, celui-ci a voulu remettre les choses en perspective.

« Il faut faire attention de ne pas tomber dans le piège qui nous empêche de brosser un portrait plus large, qui est la performance à long terme du produit, a affirmé M. Troger. J'ai beaucoup d'ambition pour prouver aux gens de Toronto qu'ils ont fait le bon choix en choisissant nos trains. »

Metrolinx reproche à Bombardier d'avoir raté plus d'un échéancier, alors que l'entreprise québécoise affirme que l'agence ontarienne veut réduire la taille de sa commande et que le prototype est prêt à être livré.

Le constructeur d'avions et de trains a même dû obtenir une injonction auprès des tribunaux ontariens pour empêcher Metrolinx de résilier l'entente.

D'après M. Troger, cette situation ne vient en rien nuire aux efforts déployés par Bombardier Transport afin de faire partie des entreprises qui seront sélectionnées par CDPQ Infra, une filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), pour fournir le matériel roulant du mégaprojet de train électrique de 6 milliards de dollars à Montréal.

« J'attire votre attention sur la caisse de résonance que vous créez autour du mot Bombardier, a affirmé M. Troger. Il est important de ne pas [donner] trop de résonance à des sujets qui ne le méritent pas. »

La CDPQ détient une participation de 30 % dans la division de matériel roulant de Bombardier depuis qu'elle a investi 1,5 milliard de dollars US en novembre 2015.

Aux commandes de Bombardier Transport depuis décembre 2015, M. Troger a rappelé que cette division de matériel roulant était présente dans plus de 200 villes et 60 pays à travers le monde. Pour illustrer qu'elle livrait la marchandise, celui-ci a souligné les contrats d'envergure décrochés par l'entreprise depuis le début de l'année, notamment en France, en Allemagne ainsi qu'à Kuala Lumpur.

Au premier trimestre terminé le 31 mars, Bombardier Transport a obtenu de nouvelles commandes totalisant 2,2 milliards de dollars US, soit presque deux fois plus qu'à la même période l'an dernier. Bombardier Transport a également affiché un résultat avant impôts et intérêts de 134 millions US, par rapport à 23 millions US au même trimestre en 2016.

Par ailleurs, M. Troger n'a pas commenté directement les rumeurs selon lesquelles Bombardier discuterait avec la société allemande Siemens AG à propos d'un regroupement de leurs divisions de matériel roulant. Une telle transaction, dont la valeur pourrait atteindre environ 14 milliards de dollars, permettrait aux deux entreprises de mieux concurrencer des rivaux chinois comme CCRC.

« Nous avons répondu sur ce sujet depuis le début en disant que nous serons un acteur de la consolidation, a dit M. Troger. Maintenant, quand et comment, je ne suis pas en mesure de vous répondre. »

Celui-ci a affirmé que l'entreprise était dans une « phase d'observation » qui n'avait pas « encore abouti ni à des phases de décisions et encore moins à des phases de consolidation ».

Ce n'est pas la première fois qu'un regroupement des divisions de matériel roulant de Bombardier et Siemens est évoqué, puisqu'en 2015, le Wall Street Journal avait avancé un scénario similaire qui avait été nié par l'entreprise québécoise.