Selon Bombardier, la nouvelle ronde de suppression d'emplois et d'« optimisation d'actifs » annoncée ce vendredi impliquera des frais de restructuration « entre 225 millions et 275 millions » (dollars US) qui seront comptabilisés dès la fin de 2016 et au cours de l'an prochain.

Pour les analystes boursiers qui l'ont à l'oeil, cette annonce de Bombardier les forcera sans doute à réviser - pour la deuxième fois en moins de deux mois - leurs attentes de résultats de la fin d'exercice 2016.

La plus récente révision, au début septembre, découlait de l'annonce d'une réduction de moitié - de 15 à 7 - du nombre de livraisons d'appareils de la C Series pour l'exercice 2016. Bombardier a attribué ce ralentissement de cadence à des retards de production chez le motoriste Pratt & Whitney.

Mais du point de vue des analystes et de leurs clients-investisseurs, il s'agissait d'une autre ponction dans les prochains résultats trimestriels de Bombardier. À un moment aussi où la situation financière du géant industriel des transports demeure sous haute surveillance après les surcoûts de développement et les retards considérables du programme des avions CSeries.

« Quoique que nous demeurons positifs envers les fondamentaux à long terme de Bombardier et le succès du programme C Series, nous maintenons une recommandation neutre à court terme pour les investisseurs en raison d'un profil de risque et rendement défavorable », indiquait Benoit Poirier, analyste chez Valeurs Mobilières Desjardins dans sa note de révision d'attentes de résultats au début de septembre.

« Le rétablissement des flux financiers excédentaires chez Bombardier n'est pas encore sans risque considérant l'incertitude entourant la rentabilité de la C Series, la mollesse du marché des jets d'affaires et le développement du Global 7000 (prochain gros jet d'affaires). »

Dans sa révision des résultats de Bombardier, Benoit Poirier avait révisé à la baisse les revenus totaux sous le seuil des 17 milliards, à 16,83 milliards. S'il s'avère, ce chiffre d'affaires de 2016 serait ramené à son niveau d'il y a quatre ans, en 2012.

En contrepartie, l'analyste avait légèrement rehaussé ses attentes de résultat d'exploitation ajusté et de perte nette. Autour de 377 millions, contre 307 millions prévus antérieurement, le bénéfice d'exploitation ajusté de Bombardier en 2016 serait tout de même le plus faible depuis plus de cinq ans.

Quant à la perte nette anticipée, Benoit Poirier l'avait ramenée à 823 millions US, par rapport au montant de 918 millions prévu précédemment.

Avec l'annonce d'aujourd'hui, cette attente de perte nette chez Bombardier sera sans doute la plus affectée négativement - perte accrue - par les frais de restructuration que l'entreprise prévoit comptabiliser en partie dès ce quatrième et dernier trimestre de 2016.

BOMBARDIER EN FIN D'EXERCICE 2016

Résultats annuels attendus (moyennes chez les analystes)

Chiffre d'affaires : 16,67 milliards US (18,17 milliards US en 2015)

Bénéfice d'exploitation (BAIIA) : 751 millions US (911 millions US en 2015)

Perte nette : 499 millions US (5,34 milliards US en 2015)

Liquidités et équivalents disponibles : 3,45 milliards US (2,72 milliards en 2015)

Sources: Reuters, rapports d'analystes