Pour la deuxième fois en huit mois, Bombardier a annoncé tôt ce matin des licenciements massifs dans l'espoir de retrouver le chemin de la rentabilité.

D'ici la fin de 2018, la multinationale québécoise éliminera environ 7500 emplois, soit plus de 10 % de sa main-d'oeuvre actuelle. Les deux tiers des coupes seront pratiqués au sein de la division ferroviaire, Bombardier Transport, et le tiers dans les activités aéronautiques. Quelque 2000 postes seront supprimés au Canada, dont 1500 au Québec. Bombardier emploie actuellement près de 15 000 personnes au Québec.

Pourquoi maintenant ? « Ça fait partie de notre plan de redressement financier sur cinq ans », a répondu le PDG Alain Bellemare au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse. Rappelons qu'en février, Bombardier avait déjà annoncé 7000 licenciements pour 2016 et 2017, dont 2400 au Québec. « Nous sommes en avance sur notre échéancier », a précisé M. Bellemare.

L'entreprise entend surtout abolir des postes administratifs et d'autres qui ne touchent pas directement à la production. L'effet net des suppressions d'emplois devrait être amoindri par des embauches liées à des programmes en croissance comme ceux des avions C Series et Global 7000 ainsi qu'à des contrats ferroviaires majeurs comme celui des tramways de Toronto.

Le communiqué fait état de la volonté de Bombardier d'accroître la « spécialisation » de ses installations et de créer des « centres d'excellence pour les activités de conception, d'ingénierie et de production ». M. Bellemare n'a pas voulu dire si des fermetures d'usines étaient envisagées.

Autre vague?

En revanche, le dirigeant n'a pas exclu une nouvelle vague de licenciements au cours de la prochaine année. « On va continuer à prendre les décisions qui s'imposent pour accroître notre productivité et réduire notre structure de coûts », a-t-il laissé tomber.

Bombardier estime que les compressions dévoilées aujourd'hui lui permettront de réaliser des économies annuelles récurrentes de l'ordre de 300 millions US d'ici la fin de 2018. L'entreprise prévoit enregistrer des charges de restructuration totalisant de 225 à 275 millions US au cours du quatrième trimestre de 2016 et de l'exercice 2017.

À la fin de 2015, soit avant les suppressions de postes annoncées en février, Bombardier comptait près de 71 000 salariés dans 28 pays. En 2019, au terme des deux plus récentes vagues de licenciements, le nombre d'employés pourrait en principe reculer jusqu'à 56 500, soit 26 % de moins que le sommet de 76 400 atteint à la fin de 2013.

« Les restructurations sont toujours difficiles, mais les gestes que nous annonçons aujourd'hui sont nécessaires pour assurer la compétitivité à long terme de Bombardier et permettre à l'entreprise de continuer à investir dans son portefeuille de produits à la fine pointe tout en désendettant son bilan », a indiqué Alain Bellemare. Soulignons que la dette de Bombardier frise les 9 milliards US.

Le PDG a assuré que la décision n'avait rien à voir avec le refus d'Ottawa, pour l'instant, d'investir 1 milliard US dans l'entreprise ni avec la récente décote infligée par l'agence de notation américaine Standard & Poor's.

Cures minceur à répétition

Les licenciements se sont multipliés chez Bombardier au cours des deux dernières années.

Janvier 2015

Bombardier élimine 1000 postes liés à l'avion d'affaires Learjet 85 au Kansas et au Mexique.

Mai 2015

Bombardier Avions d'affaires annonce la suppression de 1750 emplois, dont 1000 dans la région de Montréal.

Février 2016

Bombardier annonce 7000 licenciements partout dans le monde, dont 2400 au Québec.