Airbus et Boeing ont poursuivi mercredi la troisième journée de leur joute commerciale au salon aéronautique de Farnborough, marqué par une relâche dans les commandes et l'annonce d'une réduction de la cadence de production du navire-amiral d'Airbus, l'A380.

Comme c'est la tradition, les rivaux historiques annoncent tour à tour des commandes pendant le salon, alors que le secteur est porté par la bonne santé du marché du transport aérien. Son taux de croissance moyen annuel devrait être d'au moins 4,5% au cours des 20 prochaines années, selon les deux géants.

Selon les organisateurs, le montant total des commandes enregistrées sur le salon par l'ensemble des constructeurs d'avions et les motoristes a atteint en trois jours les 85 milliards de dollars.

Mercredi, Airbus a annoncé une commande ferme du conglomérat sud-américain Synergy pour 62 appareils de la famille A320neo, la version remotorisée du mono-couloir d'Airbus, pour une valeur au prix catalogue de 6,6 milliards de dollars.

Boeing a de son côté finalisé la commande de six 787-9 avec la compagnie chinoise Ruili Airlines, pour un montant de 1,59 milliard de dollars au prix catalogue.

Dans la course commerciale, le constructeur européen a refait son retard sur son concurrent américain à mi-parcours d'une année 2016 marquée jusque là par un ralentissement des commandes par rapport à la même période de l'an dernier.

Mais cette respiration du marché est peu étonnante alors que les carnets de commandes des deux avionneurs représentent entre 8 et 10 ans de production.

A eux seuls, Airbus et Boeing représentent l'écrasante majorité des 13.400 avions en attente de livraison, selon le cabinet AlixPartners.

Parmi les donneurs d'ordre figurent de nombreuses compagnies asiatiques, dont beaucoup de low-cost, avec une demande élevée de moyen-courriers.

Les ventes d'avions sont portées par le développement des pays émergents. Dans les 20 ans à venir, avec l'essor de la classe moyenne, la proportion de la population asiatique en mesure de se déplacer en avion va tripler pour atteindre 75%, a souligné Airbus dans ses perspectives de croissance.

Boeing estime que le marché des mono-couloir sera particulièrement solide, avec une croissance aussi tirée par les compagnies low-cost.

Moins d'A380 en production

Trois semaines après le vote historique des Britanniques, et bien que dans tous les esprits, le Brexit n'a pas vraiment gâché la fête.

La plupart des acteurs du secteur ont affiché une certaine sérénité en attendant de connaître les nouvelles conditions qui uniront sur le plan commercial la Grande-Bretagne à l'Union européenne.

L'annonce mardi de la réduction de la cadence de production de l'A380 à un exemplaire par mois à partir de 2018, contre 27 au total en 2015, continuait en revanche de marquer les esprits mercredi, alors que ce fleuron de l'aéronautique européenne ne voit toujours pas ses ventes décoller.

Le PDG d'Airbus Group, Tom Enders, a dit espérer que la baisse de production ne durerait pas plus d'un an ou deux. «Nous sommes tous plutôt optimistes quant aux perspectives à long terme pour l'A380 et j'espère que cela ne durera qu'un an ou deux», a-t-il déclaré.

Le patron d'Airbus, Fabrice Brégier, s'est dit lui aussi convaincu qu'une remontée en cadence s'imposerait.

«Emirates devra remplacer ses appareils et veut augmenter sa flotte», a-t-il déclaré à des journalistes.

Cette annonce n'en est pas moins un revers pour Airbus, qui a longtemps misé sur l'A380 pour damer le pion à son concurrent Boeing sur le long-courrier.

L'américain, qui célèbre cette année son centenaire, a de son côté confirmé sa réflexion pour un nouveau programme d'avion afin de combler un vide qu'il pense avoir identifié entre les moyens et les long-courriers.

Au-delà de la bataille des grands avionneurs, Farnborough a vu la 30.000e livraison du moteur de CFM International, la coentreprise de General Electric et Safran dans les moteurs d'avions, qui équipe environ la moitié des A320 et la totalité des Boeing 737.

Sur le plan militaire, l'avion de combat furtif américain F-35, le programme militaire le plus cher de l'histoire avec quelque 400 milliards de dollars investis, a fait sa première sortie en vol mardi à Farnborough.