Le centre d'entretien que la compagnie Air Canada s'est engagée à utiliser aura besoin de plus que les seuls appareils CSeries de Bombardier pour être rentable, a déclaré dimanche le président d'une entreprise d'outillage du secteur de l'aéronautique.

Éric Ledoux, qui dirige le Groupe DCM, croit qu'il faudra élargir le bassin d'appareils et de transporteurs qui seraient accueillis par l'installation.

M. Ledoux fait partie d'une délégation de 33 entreprises québécoises qui accompagnent le premier ministre Philippe Couillard au salon de l'aéronautique de Farnborough, dans la grande banlieue au sud-ouest de Londres.

En échange de l'abandon d'une poursuite pour forcer Air Canada à maintenir à Montréal l'entretien lourd de ses appareils, le gouvernement du Québec a obtenu l'hiver dernier l'engagement du transporteur à confier ce travail à une installation montréalaise qui reste à créer.

Cette condition a été négociée au moment où Air Canada a décidé de faire l'acquisition de 45 appareils CSeries de Bombardier, en février, une transaction finalisée en juin dernier.

L'entente prévoit également que le transporteur pourrait éventuellement acheter 30 autres appareils de Bombardier, dont le gouvernement est partenaire du programme de la CSeries, dans lequel il a investi 1 milliard $ US.

Dans les locaux de la Délégation générale du Québec à Londres, où il se trouvait dimanche avec d'autres représentants d'entreprises participant à la mission, M. Ledoux, dont la société vend notamment des pièces à Bombardier, a estimé qu'il faudra plus que la clientèle de seulement Air Canada.

«Avec seulement la Série C non, ça prend un contexte un petit peu concurrentiel pour exporter ce savoir-faire dans plusieurs pays avec plusieurs plateformes et plusieurs compagnies aériennes, pour justement éviter cette dépendance envers juste un opérateur ou un manufacturier», a-t-il dit.

La CSeries est «un bon départ», mais il faut «d'autres appareils, d'autres transporteurs», a-t-il indiqué dans un point de presse.

Groupe DCM est un des plus grands sous-traitants de pièces d'aérostructure et de sous-ensembles dans la province de Québec et l'un des trois plus grands concepteurs et fabricants d'outillage d'entretien d'aéronefs dans le monde, indique le site web de l'entreprise de 200 employés située à Blainville.

Plus tôt, à Farnborough, dimanche, le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, s'était montré confiant de la rentabilité du projet de centre d'excellence dont le gouvernement souhaite la création.

«Je pense que oui, mais ça, c'est à Air Canada de le déterminer, mais je pense qu'il y aura assez de volume avec Air Canada et en espérant peut-être des clients potentiels pour faire un centre d'excellence qui va avoir un succès à long terme», a-t-il dit.

M. Bellemare a affirmé qu'il mentionne toujours aux clients potentiels de Bombardier qu'il leur sera possible éventuellement de profiter du projet de centre d'excellence.

Selon M. Bellemare, pareille installation est intéressante pour des transporteurs qui ne font pas eux-mêmes l'entretien de leur flotte.

«On le promeut de façon à inciter des compagnies à se joindre à Air Canada», a-t-il dit.

En février dernier, l'État québécois avait accepté de suspendre son recours devant la Cour suprême où il contestait la fin des activités d'entretien et de révision d'Air Canada à Montréal, ce qui a entraîné 1700 mises à pied en 2012, chez le sous-traitant Aveos.

M. Ledoux a affirmé dimanche que la fermeture d'Aveos avait été ressentie par son entreprise.

«Oui, il y a eu un impact à court terme et je pense qu'on est en train de se replacer au niveau de la chaîne d'approvisionnement, mais oui ç'a donné un coup, parce que l'industrie est en train de se remettre de ça et de se replacer», a-t-il dit.