Le géant américain de la distribution en ligne Amazon continue de muscler ses capacités dans le transport, avec l'annonce jeudi d'un nouveau contrat avec un loueur d'avions de fret dont il pourrait prendre jusqu'à 30 % du capital.

Atlas Air Worldwide Holdings (AAWW) va louer à Amazon 20 Boeing 767-300 cargo ainsi que leur équipage pour une durée de sept à dix ans. Le contrat commencera au second semestre, avec une montée en puissance jusqu'en 2018.

Par ailleurs, «pour aligner leurs intérêts et renforcer la relation à long terme», Amazon a obtenu une option d'achat pour 20 % du capital d'AAWW pouvant être exercée sur une période de cinq ans, avec une option pour 10 % supplémentaires.

Toutes les actions achetées par Amazon seront émises spécialement pour lui par AAWW, et représenteraient, sur la base du prix unitaire annoncé de 37,50 dollars, un investissement maximum de l'ordre de 400 millions de dollars.

C'est le deuxième contrat de ce type en deux mois conclu par Amazon, qui avait déjà signé début mars pour 20 autres 767 avec un autre loueur d'avions, Air Transport Services Group (ATSG). Là aussi, Amazon avait obtenu une option pour entrer au capital de son partenaire, à hauteur de 19,9 % au maximum.

Un responsable d'Amazon, Dave Clark, a indiqué jeudi que les nouvelles capacités aériennes permettraient d'assurer des livraisons plus rapides pour les abonnés du service de fidélité Prime, dont le nombre est en forte croissance.

Le géant de la distribution multiplie toutefois les initiatives dans les transports, avec également l'an dernier l'enregistrement d'une filiale chinoise comme transporteur maritime et l'achat de milliers de remorques pour camions.

Ces efforts répétés «montrent qu'il est sérieux dans la construction au moins du début d'un réseau de livraison allant d'un bout à l'autre» de la chaîne de distribution, estime la banque Morgan Stanley dans une note. «Le débat maintenant, c'est où Amazon s'arrêtera et si cela vise à compléter ou à se substituer aux transporteurs historiques de paquets.»

Le directeur financier d'Amazon, Brian Olsavsky, avait encore réaffirmé la semaine dernière, en marge des résultats trimestriels, que les capacités propres venaient «compléter» celles de sous-traitants comme UPS ou FedEx.

Ces derniers ont parfois eu du mal à répondre aux besoins d'Amazon, surtout lors des périodes où les commandes explosent comme les fêtes de fin d'année.

Colin Sebastian, analyste chez Baird Equity Research, estime que ces contraintes en période de pointe ont probablement été à l'origine des ambitions d'Amazon, mais qu'à terme c'est «une étape naturelle» de contrôler davantage son réseau de transport s'il veut pouvoir continuer à étendre rapidement l'échelle de Prime, et qu'il finira probablement aussi par proposer des services de logistiques à des tiers.

«UPS et FedEx doivent au moins garder un oeil dans le rétroviseur», prévient aussi Morgan Stanley.