La haute direction de Bombardier a reçu une somme record d'options en 2015, une année où le prix de l'action a néanmoins poursuivi sa dégringolade.

Le rendement annuel composé de l'action de classe B a été de - 29 % (incluant les dividendes réinvestis), entre le 31 janvier 2011 et le 31 décembre 2015.

« Pour l'exercice clos le 31 décembre 2015, le rendement total pour l'actionnaire a subi une baisse importante, reconnaît la société dans sa circulaire de direction rendue publique hier. L'évolution du cours des actions est touchée par divers facteurs et tendances, dont bon nombre ne sont pas reliés à la performance réelle de la société. »

La haute direction de Bombardier a reçu 23 millions d'options d'achat d'actions en 2015 à un prix d'exercice variant de 1,42 $ à 1,65 $. Jamais dans l'histoire récente, l'avionneur n'a versé autant d'options dans un seul exercice.

Pierre Beaudoin, à titre de président exécutif du conseil, reçoit 4,6 millions d'options au prix d'exercice de 1,65 $. L'année précédente, à titre de président et chef de la direction, il en avait reçu 1,4 million à un prix d'exercice de 3,78 $.

Alain Bellemare, le successeur de M. Beaudoin comme président et chef de la direction, en obtient 5,2 millions. Il en avait aussi reçu 1,8 million à son arrivée en poste en février 2015.

Laurent Troger, président de Bombardier Transport, obtient lui aussi beaucoup plus d'options en 2015 que lors des années précédentes.

« Bombardier s'efforce de lier ses régimes incitatifs à la création de valeur à long terme pour ses actionnaires. En 2015, les membres de la haute direction ont reçu 75 % de la valeur de leurs octrois d'incitatifs à long terme sous la forme d'options d'achat d'actions », dit Jean C. Monty, président du comité des ressources humaines et de la rémunération du C.A. de Bombardier, dans la circulaire de direction.

Auparavant, le pourcentage du boni à long terme qui était versé sous forme d'options équivalait à 33 %. Le reste du boni à long terme est versé sous forme d'unité d'action.

La rémunération sous forme d'octroi d'options est controversée. Les critiques soutiennent que les dirigeants ne courent aucun risque à la baisse, en plus d'avoir un effet de dilution sur le capital-actions de la société.

Michel Magnan, professeur et titulaire de la chaire de gouvernance d'entreprise Stephen A. Jarislowsky à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia, figure au nombre des critiques.

« Il y a un discours qui prétend que les options arriment l'intérêt du dirigeant à celui des actionnaires. Mais cette affirmation n'est pas fondée sur des preuves empiriques », a-t-il dit au journal Les Affaires à la mi-mars. Selon lui, « l'actionnaire a payé ses actions et met son capital à risque. Le dirigeant, pour sa part, n'a pas payé ses options. Le risque n'est pas du tout le même. »

DU RISQUE SANS CONSÉQUENCE

De fait, les hauts dirigeants sont récompensés par les risques qu'ils prennent si le cours de l'action augmente, sans avoir à subir les conséquences de cette prise de risque si le cours de l'action décroît.

Les unités d'action, à la différence des options, reflètent en partie le risque à la baisse. Comme elles sont généralement entiercées pendant un laps de temps, leur valeur fluctue à la hausse ou à la baisse comme le prix des actions.

Pour Bombardier, les unités d'action sont utiles pour recruter et fidéliser les employés, tandis que les options restent le véhicule retenu pour inciter les hauts dirigeants à créer de la valeur pour les actionnaires.

À sa prochaine assemblée des actionnaires qui aura lieu le 28 avril, Bombardier leur demandera d'approuver une augmentation du nombre d'actions de classe B pouvant être émises dans le cadre du régime d'options d'achat d'actions, en faisant passer le total d'options émises de 136 à 225 millions. Ce montant doit représenter moins de 10 % du capital-actions en circulation.