Les faibles prix du carburant font la vie dure à l'avion turbopropulsé Q400 de Bombardier aux États-Unis.

Le transporteur Republic, qui est en restructuration judiciaire depuis le mois dernier, vient de s'entendre avec le loueur danois Nordic Aviation Capital pour se départir de ses 28 appareils Q400, qui assurent des liaisons régionales pour United. Dans un document explicatif sur son site web, Republic explique que les avions turbopropulsés et les petits jets régionaux de 50 places ont « perdu la faveur » des voyageurs et des pilotes.

La plupart des Q400 de Republic sont cloués au sol depuis des mois. Les quatre qui sont encore en service effectueront leur dernier vol vendredi. Ils seront remplacés par des jets Embraer E175 de 76 places.

Le transporteur régional britannique Flybe a repris quatre Q400 de Republic jusqu'ici et en recevra 20 de plus au cours des prochains mois.

On s'attend en outre à ce que Republic profite de sa restructuration judiciaire pour annuler sa commande de 40 avions C Series de Bombardier, placée en 2010.

ALASKA AUSSI

En janvier, un autre important exploitant d'avions turbopropulsés de Bombardier, le groupe Alaska Air, a annoncé son intention de remplacer 15 de ses 52 appareils Q400 par des jets régionaux, qui sont moins bruyants et plus rapides.

« Les jets régionaux offrent une meilleure expérience client que le Q400, surtout pour les liaisons plus longues. Nos concurrents se servent de jets régionaux dans plusieurs de nos marchés et nous voulons nous assurer de pouvoir rivaliser avec eux sur le plan de l'expérience client. » - Brandon Pedersen, chef de la direction financière d'Alaska Air

En raison de leur consommation moindre de carburant, les avions turbopropulsés ont des coûts d'exploitation moins élevés que les jets. Mais sur les trajets de plus de 650 kilomètres (l'équivalent d'un vol Montréal-Philadelphie), les jets reprennent l'avantage. De plus, la chute des prix du carburant a réduit les économies générées par les appareils turbopropulsés.

Quelque 1179 avions turbopropulsés de série Q ont été construits depuis 1984 (en incluant les versions plus petites Q100, Q200 et Q300, qui ne sont plus en production). Le rival de Bombardier dans ce créneau, l'européen ATR, a pour sa part livré 1278 avions turbopropulsés depuis 1984. ATR domine le marché depuis 2010, ayant récolté pas moins de 77 % des nouvelles commandes.

Le succès de l'ATR 72 s'explique entre autres par son prix de vente moins élevé : 25 millions US environ, contre 31 millions US pour le Q400. Afin de réduire cet écart, Bombardier souhaite déplacer au Mexique et en Chine la production des ailes et du poste de pilotage du Q400, ce qui entraînerait la suppression de 200 emplois à Toronto, où est assemblé l'appareil. Mais jusqu'ici, le syndicat a refusé d'approuver cette délocalisation.

L'action de Bombardier a clôturé à 1,34 $ hier, en hausse de 0,8 %, à la Bourse de Toronto.

Photo fournie par Bombardier

La plupart des Q400 du transporteur Republic, qui assurent des liaisons régionales pour United, sont cloués au sol depuis des mois en raison de la restructuration judiciaire de l’entreprise.