Le grand patron du transporteur américain Delta Air Lines a réservé une belle surprise à Bombardier hier en vantant les mérites de la C Series lors d'une téléconférence avec les analystes financiers.

« C'est un avion plutôt impressionnant », a déclaré Richard Anderson en faisant référence au moteur de nouvelle génération de la C Series, construit par Pratt & Whitney. « Nous pensons qu'à un prix raisonnable, c'est un avion plutôt concurrentiel, compte tenu en particulier de son moteur. Nous le considérons donc sérieusement. »

« Nous sommes très contents. C'est de la musique à nos oreilles », s'est réjoui Isabelle Gauthier, porte-parole de Bombardier Avions commerciaux, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. L'action de Bombardier a gagné jusqu'à 9 % dans les minutes suivant les commentaires de M. Anderson. Le titre a finalement clôturé à 1,18 $, en hausse de 0,9 %, à la Bourse de Toronto.

Rappelons qu'avant Noël, Bombardier a fait voler un avion CS100 jusqu'au siège social de Delta à Atlanta pour le présenter aux dirigeants et à des salariés de la compagnie aérienne. L'avionneur fait actuellement le même exercice auprès d'autres transporteurs nord-américains.

« Nous sommes sur le point de récolter les fruits de nos efforts.» - Isabelle Gauthier, porte-parole de Bombardier Avions commerciaux

Bombardier mise grandement sur un contrat de Delta pour redonner de la crédibilité à la C Series, dont la dernière commande remonte à septembre 2014. Pour l'instant, le carnet de commandes de l'appareil compte bien peu d'acheteurs connus, si ce n'est Swiss (filiale de Lufthansa) et Korean Air. Un porte-parole de Delta, Trebor Banstetter, a toutefois indiqué hier à l'agence Bloomberg qu'une commande pour des C Series n'était pas imminente.

IRAN

La levée prochaine des sanctions contre l'Iran dans la foulée de l'accord sur le nucléaire suscite également beaucoup d'enthousiasme chez Bombardier. « C'est un marché formidable qui s'apprête à s'ouvrir et nos avions conviennent parfaitement aux besoins du pays », a soutenu Isabelle Gauthier.

Téhéran a fait part ce week-end de son intention d'acquérir une centaine d'appareils Airbus neufs et d'occasion ainsi qu'un nombre inconnu d'avions régionaux.

Bombardier a précisé ne pas avoir entamé de discussions directes avec les autorités iraniennes, Ottawa n'ayant pas encore levé les sanctions qui pèsent sur le pays. Or, selon Radio-Canada, des représentants de Bombardier se sont rendus à Téhéran l'an dernier pour rencontrer les responsables de compagnies aériennes et de l'aviation civile d'Iran.

Notons que le rival brésilien de Bombardier, Embraer, a vendu 25 avions militaires à l'Iran au tournant des années 90. De plus, Brasilia a souvent défendu Téhéran dans le bras de fer qui l'opposait aux puissances occidentales jusqu'à tout récemment. Le constructeur russe Sukhoi a aussi des visées en Iran.

Mais d'après Mehran Ebrahimi, professeur de gestion à l'UQAM, les compagnies aériennes iraniennes préfèrent les avions occidentaux à ceux construits en Russie ou même au Brésil. Il importe donc, dit-il, que le Canada lève rapidement ses sanctions pour que Bombardier puisse être dans la course.

« Il serait dommage de perdre cette occasion-là parce qu'un autre pays a bougé plus rapidement.  - Mehran Ebrahimi, professeur de gestion à l'UQAM

La division de matériel roulant de Bombardier examine aussi de près les possibilités d'affaires dans ce pays de 80 millions d'habitants. L'automne dernier, le gouvernement iranien a fait état d'un plan de 25 milliards US pour moderniser le réseau ferroviaire du pays. « L'Iran est en effet reconnu comme un marché qui présente un potentiel substantiel pour de nouvelles technologies du rail, que ce soit sur les plans des infrastructures, des systèmes de signalisation ou de matériel roulant », a écrit hier un porte-parole de Bombardier Transport, Marc Laforge, dans un courriel.

La firme d'ingénierie montréalaise SNC-Lavalin a décroché des contrats dans le secteur iranien des hydrocarbures jusqu'en 2009. L'entreprise a refusé de dire hier si elle envisageait de retourner dans le pays.

À PLEIN RÉGIME

L'usine de Bombardier à Mirabel accélère la cadence de production des avions C Series, a annoncé l'entreprise hier. L'avionneur a précisé que l'assemblage de la structure du premier appareil qui entrera en service d'ici juin pour Swiss est terminé. En outre, des pilotes de la compagnie helvétique ont amorcé leur formation à Mirabel. Le plus petit avion de la C Series, le CS100, a été homologué par Transports Canada le mois dernier.