La compagnie Air France supprimera près de 1000 emplois en 2016 dans le cadre d'un plan social qui menace 2900 postes en deux ans et dont l'annonce a suscité des violences, a indiqué dimanche le PDG d'Air France-KLM, Alexandre de Juniac.

Le premier volet du plan de restructuration de la compagnie aérienne qui concerne 2016 « est lancé », a-t-il déclaré dans une émission diffusée sur les médias Le Figaro, LCI et RTL.

Les suppressions d'emplois, qui passeront par des « départs volontaires », seront « très limitées » l'année prochaine, concernant « moins d'un tiers du total » des coupes envisagées, a-t-il ajouté.

Alors que le gouvernement socialiste a appelé la compagnie à tenter d'« éviter » les suppressions d'emploi, Alexandre de Juniac a laissé la porte ouverte à des négociations sur le deuxième volet du plan.

« Si les négociations [avec le personnel] sont réussies d'ici le début de l'année prochaine, nous pouvons éviter de mettre en oeuvre » la suite du plan, a-t-il dit.

En attendant, le premier volet du plan social sera discuté jeudi avec les syndicats lors d'un comité central d'entreprise (CCE), date à laquelle les salariés sont appelés à manifester à Paris pour la défense de l'emploi.

Le 5 octobre, un CCE consacré à l'annonce du plan de restructuration avait été interrompu par l'irruption de plusieurs centaines de salariés, dont certains ont molesté deux dirigeants et des vigiles.

Le directeur des ressources humaines Xavier Broseta s'était retrouvé torse nu, chemise déchirée et escaladant un grillage pour échapper aux manifestants, une image qui a fait le tour du monde.

« Ces agissements sont l'oeuvre de voyous », avait déclaré le premier ministre Manuel Valls, réclamant des « sanctions lourdes ».

Cinq salariés de la compagnie, dont certains ont un mandat syndical, seront jugés le 2 décembre pour ces violences. Ils font également l'objet, avec treize autres employés, de procédures disciplinaires qui pourraient aller jusqu'au licenciement.

« Les événements du 5 octobre ont bouleversé beaucoup de gens [...] et ont mis l'accent sur la nécessité de négocier. Tout le monde a envie de négocier et d'aboutir », a relevé le patron d'Air France-KLM.

« C'est destructeur, ce qu'on a vu. Cela a porté atteinte terriblement non seulement à l'image d'Air France mais à l'image de la France. Que le monde entier assimile Air France à ces images, c'est quelque chose d'inimaginable », a-t-il regretté.

Mais pour les syndicats, Alexandre de Juniac n'a pas pris la mesure de l'événement. Il « continue sa feuille de route sans même prendre la peine d'analyser ce qui s'est passé le 5 » octobre, a déploré Christophe Malloggi du syndicat Force Ouvrière.

« Les instances représentatives ne sont pas respectées, une fois de plus, et les organisations syndicales non plus », a ajouté Miguel Fortea de la CGT, qui a peu goûté la sortie médiatique de son patron.

Le dialogue social n'est pas en forme à Air France depuis de longs mois. Le plan de restructuration d'Air France, dont l'État français est actionnaire à 17,6 %, a été décidé après l'échec fin septembre de négociations sur l'allongement des temps de vol des navigants.