Le match Airbus-Boeing a démarré sur les chapeaux de roue lundi à l'ouverture du 51e salon de l'aéronautique du Bourget, avec l'annonce de 55 commandes pour le constructeur européen, sur fond d'optimisme du secteur pour les 20 prochaines années.

Le président François Hollande a donné le coup d'envoi du salon en s'y posant à 9h10 (heure locale) à bord du nouvel A350 d'Airbus, qui avait décollé de l'aéroport d'Orly une demi-heure plus tôt.

Dans la foulée, deux Alphajet de la Patrouille de France ont fait un passage au-dessus du salon, suivis de l'hélicoptère NH90 et de l'avion de chasse Rafale, nouvel emblème des succès à l'exportation de l'industrie de défense française.

L'avion de transport militaire A400M a aussi été mis à l'honneur, signant un des premiers vols à l'ouverture du salon, le constructeur Airbus voulant ainsi marquer sa confiance dans l'appareil malgré l'écrasement début mai d'un exemplaire en sortie des chaînes de montage à Séville (Espagne).

Tous les yeux sont d'ores et déjà tournés vers les annonces de commandes qui rythment traditionnellement le salon et tourneront une nouvelle fois autour du duel Boeing-Airbus.

La compagnie saoudienne Saudi Arabian a annoncé dès l'ouverture avoir passé commande de 20 Airbus A330-300 Regional, le premier contrat pour cet appareil, et 30 monocouloirs A320ceo, pour un montant catalogue d'environ 8 milliards de dollars.

La compagnie nationale indonésienne Garuda a signé une lettre d'intention pour l'achat de 60 Boeing, 30 moyen-courriers 737 MAX et 30 long-courriers 787-9, première annonce commerciale de l'avionneur américain au salon, d'une valeur de 10,9 milliards de dollars si la commande était confirmée.

L'européen Airbus et l'américain Boeing ont nettement relevé leurs prévisions de croissance pour les 20 années à venir.

Airbus estime les besoins des compagnies aériennes à environ 32 600 appareils sur la période (+4% par rapport à la précédente prévision), soit un marché de 4900 milliards de dollars.

Boeing a relevé la sienne de 3,5% à 38 050 unités, pour une valeur estimée à 5600 milliards de dollars.

Nouvelle stratégie industrielle

Au précédent salon du Bourget en 2013, Airbus avait enregistré pour 39,3 milliards de dollars de commandes fermes alors que son rival de Seattle en engrangeait 38 milliards. Et le salon du Bourget avait totalisé 115 milliards d'euros de commandes pour l'ensemble de la filière.

«Je ne sais pas si 2015 sera celui de tous les records (...), mais ce sera un bon salon» avec «plusieurs centaines» de commandes, a estimé le patron de la branche civile d'Airbus, Fabrice Brégier. «Nous avons beaucoup de choses dans les tuyaux, sur les moyens et long-courriers», a renchéri Randy Tinseth, vice-président chargé du marketing chez Boeing.

Le secteur s'appuie sur la forte croissance du trafic aérien mondial, passé de 100 millions de passagers en 1960 à un peu plus de 3 milliards en 2013. En 2034, «ce chiffre aura augmenté à sept milliards», a prédit Randy Tinseth.

Face à cette demande, «les avionneurs font évoluer leur stratégie industrielle et celle de leurs fournisseurs pour accroître les cadences de production tout en proposant des innovations incrémentales (d'amélioration, NDLR)» de leurs appareils, relève le cabinet Argon Consulting, spécialisé dans l'aérien.

Moins spectaculaire, mais tout aussi réelle, la guerre commerciale entre constructeurs régionaux pourrait être ravivée par le dernier-né du canadien Bombardier, le CSeries, dévoilé lors du Bourget.

Avec 315 000 visiteurs attendus cette année, dont 140 000 professionnels, le Bourget confirme son statut de «premier salon mondial de l'aéronautique et de l'espace», selon Marwan Lahoud, le président du Gifas, qui représente l'industrie aéronautique et spatiale en France, et directeur de la stratégie d'Airbus Group.

Quelque 2260 exposants sont annoncés, dont près de la moitié sont étrangers, et 47 pays sont représentés.

Parmi les vedettes cette année, l'Antonov 178 ukrainien ou le JF-17, un avion de chasse pakistanais, feront leur première apparition internationale.

Le Rafale sera l'une des attractions après sa consécration à l'export avec un triplé (Égypte, Inde, Qatar) ces derniers mois.

Airbus a fait aussi voler dès lundi son dernier-né l'A350 face à son concurrent, le Dreamliner de Boeing, et présentera son H160, un hélicoptère ultra-innovant de dernière génération.

Dans le spatial, le groupe présentera également son concept de lanceur réutilisable, à l'antithèse de celui de son rival américain Space X.