Malaysia Airlines est «techniquement en faillite», a annoncé lundi le nouveau PDG allemand de la compagnie malaisienne qui supprime 6000 emplois dans le cadre d'un vaste plan de restructuration de l'entreprise plombée par deux catastrophes aériennes l'an passé et d'importantes pertes.

«Nous sommes techniquement en faillite, et la baisse des performances a commencé bien avant les événements tragiques de 2014», a déclaré le PDG Christoph Mueller à des journalistes, en référence aux deux accidents aériens (vols MH370 et MH17) qui ont fait 537 morts en 2014.

Malaysia Airlines a pris ses premières initiatives majeures sous la direction de l'Allemand recruté le 1er mai, en particulier la suppression de milliers d'emplois -- annoncée officiellement lundi -- une réduction de certaines dessertes et une refonte de la compagnie.

Une lettre de licenciement a ainsi été adressée à la totalité des quelque 20 000 salariés du groupe et de nouveaux contrats ont été proposés à 14 000 d'entre eux, soit la suppression de 6000 postes.

Cette réduction d'effectifs est nécessaire, car Malaysia Airlines doit supporter des coûts supérieurs de 20% à ceux de ses principaux concurrents, a expliqué M. Mueller.

La décision était attendue dans la mesure où le fonds d'investissement public Khazanah Nasional, qui a repris le contrôle de la compagnie, avait fait savoir l'an passé que les restructurations passeraient par des suppressions d'emplois et le renoncement à certaines dessertes déficitaires.

«Le processus de restructuration va commencer aujourd'hui avec un redémarrage difficile», a ajouté M. Mueller, qui était auparavant le PDG de la compagnie aérienne irlandaise Aer Lingus. L'Allemand y avait mis en place un plan de redressement et une stratégie ayant conduit à la suppression de nombreux emplois, ce qui lui avait valu d'être surnommé «Le terminateur».

Sous sa direction, Malaysia Airlines prévoit de se «réinventer» à compter du 1er septembre avec une nouvelle image et de nouvelles couleurs, la compagnie cherchant à effacer les stigmates d'une année 2014 désastreuse.

Le 8 mars 2014, un Boeing 777-200 (vol MH370) a totalement disparu peu après son décollage de Kuala Lumpur, avec 239 passagers et membres d'équipage à son bord, et le mystère de cette disparition n'a toujours pas été élucidé. Le 17 juillet de la même année, un autre Boeing 777 (vol MH17) a été abattu par un missile de provenance indéterminée au-dessus de l'Ukraine alors qu'il survolait un territoire contrôlé par les séparatistes prorusses, provoquant la mort de 298 personnes.

«Le jour le plus noir» pour les salariés

Un changement de nom de la compagnie est possible, a encore dit le nouveau PDG.

Son plan de restructuration a été vivement critiqué par les syndicats d'hôtesses de l'air et de stewards, estimant que les salariés devaient payer le prix d'une mauvaise gestion ces dernières années.

«Aujourd'hui, c'est le jour le plus noir pour les salariés de Malaysia Airlines. Je suis dans une situation difficile avec les émotions à gérer de ceux qui ont été licenciés», a déclaré le chef du syndicat, Ismail Nasaruddin.

«C'est très éprouvant. J'ai des membres d'équipage qui pleurent au téléphone, disant qu'ils ont été licenciés malgré leurs excellentes performances» au sein de la compagnie, a-t-il ajouté.

Le syndicat va décider cette semaine d'un éventuel mouvement social en réaction à l'annonce de ce plan, a souligné Ismail.

D'autres importants syndicats de la compagnie n'ont en revanche pas réagi aux nouvelles mesures, selon des médias malaisiens.

Malaysia Airlines perd de l'argent depuis des années en raison d'une direction déficiente et d'une incapacité à faire face à la concurrence internationale, selon des analystes.

Les pertes de Malaysia Airlines se sont considérablement aggravées avec les deux catastrophes subies l'an passé.

M. Mueller a indiqué qu'il prévoyait de «stopper l'hémorragie» en 2015, stabiliser les activités de la compagnie l'an prochain et retrouver la croissance d'ici à 2017.