Malgré une économie mondiale chancelante, le port de Montréal a traité une quantité record de fret l'an dernier, soit 30 millions de tonnes, selon des chiffres préliminaires dévoilés en début de semaine.

La croissance est venue du côté du transport par conteneurs en provenance de la Méditerranée. Le vrac solide a aussi contribué positivement au bilan à la suite de la récolte abondante de céréales dans l'Ouest canadien.

S'appuyant sur cette lancée, l'administration portuaire mène de front deux projets d'investissement totalisant 750 millions de dollars.

«Ce fut une belle année, se réjouit Sylvie Vachon, PDG de l'Administration portuaire de Montréal, dans un entretien. On aurait franchi le cap des 30 millions de tonnes, qui est notre meilleur tonnage [de notre histoire]. Dans le contexte économique actuel, c'est quand même satisfaisant d'avoir une progression de 7% [du trafic].»

Pour ce qui est du vrac solide, le deuxième port en importance du pays a augmenté son tonnage de plus de 11%, à 9,2 millions de tonnes. Le gros de la croissance vient des céréales, dont le volume a bondi de 41% en raison de récoltes abondantes dans l'ouest en 2013.

La performance est toutefois moins éclatante du côté du vrac liquide. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le transport du pétrole par bateau n'a pas progressé en 2014. Les volumes diminuent de 1%, pour une raison précise: Valero, qui exploite la raffinerie de Saint-Romuald, avait procédé en 2013 à l'entretien de son oléoduc et avait utilisé plus le mode bateau cette année-là.

Les résultats du transport de marchandises par conteneurs à de quoi accrocher un sourire aux lèvres de la patronne du plus important port à conteneurs de la côte Est canadienne. En hausse de 5,6%, en dépit de la fragilité de la croissance des échanges mondiaux, le port a manutentionné l'équivalent de 1,43 million de conteneurs de 20 pieds en 2014 pour un tonnage total de 12,6 millions de tonnes.

Le port doit en partie sa bonne fortune à la congestion des ports de la côte Ouest. La croissance est en effet venue de la Méditerranée en 2014, une route de remplacement pour la marchandise en provenance de l'Asie à destination du Québec et de l'Ontario.

«Une partie de notre croissance vient d'un repositionnement des routes en réponse à la congestion des ports de l'Ouest», convient Mme Vachon. Il n'est pas rare qu'un conteneur reste jusqu'à trois semaines sur les quais de la côte Ouest, alors que le délai est de deux ou trois jours seulement à Montréal, souligne-t-elle.

2015 s'annonce encore meilleure

La lancée devrait se poursuivre au cours des prochains mois. «L'année 2015 devrait être une bonne année aussi pour nous, avance Sylvie Vachon. Je peux juste m'en réjouir et j'espère que la boule de cristal va s'avérer exacte pour 2015.»

Parmi les raisons qui expliquent son optimiste, notons le vrac liquide qui devrait connaître une hausse de volume avec le renversement de la ligne 9B d'Enbridge prévue cette année.

Ensuite, la mise en service en octobre 2014 du terminal de conteneurs de grains de spécialité CanEst Transit devrait se traduire par un gain de 4000 conteneurs dès sa première année d'activité.

Finalement, l'arrivée d'une nouvelle entreprise de croisières, la française Rivages du Monde, qui a fait de Montréal le port d'attache pour son bateau M/V Saint-Laurent, ajoutera 7000 croisiéristes. Le Comité croisières Montréal projette 92 000 passagers et membres d'équipage en 2015 comparativement à 71 000 en 2014.

Projet au quai Alexandra

Pour faire face à la demande accrue, le Port souhaite reconstruire la gare maritime à la jetée Alexandra au coût de 78 millions. L'administration portuaire et la Ville de Montréal se sont déjà engagées à y injecter 15 millions chacune. Québec et Ottawa seront aussi sollicités. L'objectif est d'inaugurer le nouveau terminal de croisières en 2017 pour le 375e anniversaire de Montréal.

Cependant, le grand projet d'avenir du port dont on parle depuis 20 ans, c'est l'ouverture d'un nouveau terminal à conteneurs à Contrecoeur sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, en aval de l'île de Montréal.

«À la fin des années 80, on a acheté les terrains, rappelle Mme Vachon. On a toujours considéré ces espaces dans notre planification en disant qu'un jour, on va en avoir besoin. Ce jour, on le voit de plus en plus près.»

Le port a tenu une première séance d'information à Contrecoeur en décembre dernier. Plus de 200 personnes se sont fait entendre. Le processus d'obtention des autorisations réglementaires suivra. Le Port espère commencer les travaux en 2018 et recevoir le premier conteneur en 2021. Environ 1000 emplois seraient créés à terme pour l'exploitation du terminal.

Port de Montréal

Résultats préliminaires 2014

Vrac solide: 9,2 millions de tonnes métriques; variation annuelle + 11,3%

Vrac liquide: 9,1 millions de tonnes métriques; variation annuelle - 1,0%

Conteneurs: 12,6 millions de tonnes métriques; variation annuelle + 5,6%

Trafic total: 30 millions de tonnes métriques; variation annuelle + 7,0%

Croisiéristes: 71 000 (passagers et membres d'équipage); variation annuelle + 2,0%