L'avionneur américain Boeing (BA) a réalisé en 2014 la meilleure performance commerciale de son histoire, avec 1432 commandes nettes et 723 avions civils livrés, confirmant son avance sur son rival européen Airbus.

Grâce au 737, son best-seller, et ses versions remotorisées (737 MAX 7, 8, 9) représentant 77,1% de ses ventes annuelles, le constructeur aéronautique dépasse son précédent record (1413 appareils écoulés) établi en 2007.

Ces commandes sont valorisées à 232,7 milliards de dollars au prix catalogue. Au 31 décembre, son carnet de commandes (5.789) représentait plus de sept années de production.

Le record absolu en termes de commandes sur une année reste toutefois l'apanage de son rival Airbus, avec 1503 avions vendus en 2013. Cette année-là, Boeing avait écoulé 1355 appareils nets et livré 648.

Mais les positions devraient s'inverser, car depuis le début de l'année Boeing fait la course en tête face à l'avionneur européen, aussi bien en termes de commandes que de livraisons.

Sur ce dernier point, l'un des plus scrutés par le secteur, car c'est à la livraison que les avionneurs sont généralement payés par leurs clients, Boeing a égalé ses objectifs annuels.

Il espérait livrer entre 715 et 725 appareils, dont 110 «787» Dreamliner, son avion nouvelle génération construit avec une forte proportion de matériaux composites et entré en service en 2011.

Le groupe de Chicago (centre) se paie le luxe de dépasser cet objectif en livrant 114 exemplaires de cet avion ayant accumulé les déboires techniques, grâce à une accélération au quatrième trimestre (35 appareils).

«Face à une forte concurrence, nous avons réalisé une année solide», se réjouit Ray Conner, le patron de la branche Aviation civile.

Avance due aux gros porteurs

Il reste maintenant à Boeing à savoir s'il a enfin inversé la courbe dans le segment très rentable des moyen-courriers, où il est devancé depuis 2002 par Airbus.

La roue semblait avoir tourné en 2014, les livraisons du 737 ayant dépassé jusqu'à fin novembre celles de la famille A320. Mais en décembre, Airbus était en train de rattraper son retard. Boeing a livré 485 appareils de la famille 737 en 2014, dont 126 sur le quatrième trimestre.

Airbus devrait publier son bilan annuel le 13 janvier. Selon les calculs de l'AFP effectués sur la base des derniers communiqués du groupe européen, celui-ci avait accumulé 1170 commandes nettes au 25 décembre.

«L'avance de Boeing sur Airbus est due aux gros porteurs», expliquent les analystes du cabinet Trefis. «Dans ce segment, le 787 Dreamliner, le 777 et le 767 ont surclassé l'A330, l'A350 et l'A380», ajoutent-ils.

Le constructeur américain s'est aussi reposé sur une hausse de la production des avions de la famille 737 et 787, selon Trefis.

Début 2014, Boeing a porté à 10 par mois le nombre d'appareils 787 sortant de ses usines contre 7 auparavant. En mars, il a commencé à produire 42 737 par mois contre 38 précédemment. Ce rythme doit encore augmenter en 2017 et en 2018.

«En 2015, nous continuerons à tout mettre en oeuvre pour honorer nos engagements vis-à-vis de nos clients et atteindre des étapes-clés dans nos programmes de développement», assure Ray Conner.

Boeing doit néanmoins faire face à des marchés prudents, redoutant un recul de la demande pour les avions de nouvelle génération économes en carburant -locomotives des ventes- dans un contexte de chute des prix du pétrole.

Autre écueil éventuel: le raffermissement du dollar -monnaie dans laquelle l'avionneur vend ses avions- pourrait rendre ceux-ci beaucoup plus chers et décourager plus d'une compagnie aérienne.

Boeing assure que les reports et les annulations de commandes sont à un niveau historiquement bas. En 2014, le groupe n'a en effet enregistré que 118 annulations.

L'argument convainc certains analystes comme la banque Sterne Agee, qui estime que Boeing va livrer «de 800 à 900 appareils, soit 24% de plus qu'actuellement, à partir de 2017 jusqu'à 2020».