Le lancement par Gulfstream de deux nouveaux biréacteurs d'affaires représente une bonne nouvelle pour Pratt & Whitney Canada (P&WC), Mirabel et Thales Canada et une série de mauvaises nouvelles pour Bombardier (T.BBD.B).

Gulfstream, une filiale de la multinationale américaine General Dynamics, a choisi le moteur PW800 de P&WC pour propulser ses nouveaux appareils, le G500 et le G600. Il s'agit de gros avions luxueux qui entreront directement en concurrence avec les appareils de la famille Global de Bombardier.

P&WC assemblera et testera ce moteur à son usine de Mirabel.

C'est une très bonne prise pour P&WC. Au milieu des années 2000, le motoriste de Longueuil avait développé le PW800 pour ce qui devait être le plus gros biréacteur d'affaires de Cessna, le Columbus. P&WC avait prévu assembler le PW800 dans une nouvelle usine à Mirabel. Cette installation devait également accueillir le moteur de la CSeries de Bombardier, un moteur conçu par la société mère de P&WC, l'américaine Pratt&Whitney.

Or, la récession de 2008-2009 a forcé Cessna à abandonner le Columbus, et le PW800 a perdu sa plateforme. P&WC a complété la construction de son usine à Mirabel, et Pratt a commencé à y assembler le moteur de la CSeries mais P&WC a continué à chercher preneur pour le PW800.

Cette quête a pris fin hier matin à Savannah, en Géorgie, lorsque Gulfstream a lancé ses deux nouveaux biréacteurs d'affaires et a annoncé le choix du PW800 pour les motoriser.

«Nous étions persuadés qu'avec la technologie que nous avions, nous pourrions lancer le moteur, a commenté le vice-président au marketing de P&WC, Michael Perodeau, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires hier. C'est arrivé. Le fait d'avoir réussi à trouver une application avec un avionneur majeur comme Gulfstream et le fait qu'il lance deux avions avec ce moteur, c'est une très bonne nouvelle.»

Il a rappelé que P&WC avait développé le PW800 pour de gros biréacteurs d'affaires à long rayon d'action. À l'heure actuelle, seuls trois avionneurs occupent ce créneau, soit Gulfstream, Bombardier et Dassault. «Nous parlons avec tous les joueurs, a commenté M. Perodeau. C'est un petit club.»

À terme, l'usine de Mirabel devrait employer 300 personnes.

Une autre entreprise installée au Québec montera également à bord des deux nouveaux avions de Gulfstream. Thales Canada a fait savoir hier qu'elle fournira les commandes de vol du G500 et du G600. Thales Canada emploie environ 1300 personnes à Québec, Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver. C'est toutefois à Montréal qu'est situé son centre d'excellence en commandes de vol. L'entreprise avait également mis au point les commandes de vol du plus gros appareil de Gulfstream, le G650, entré en service en 2012.

De la concurrence pour Bombardier

Le lancement de deux nouveaux appareils représente une concurrence accrue pour Bombardier. Deux ententes annoncées parallèlement au lancement sont venues souligner cette situation.

Flexjet, une entreprise de Dallas qui se spécialise dans les programmes d'avions en multipropriété, a passé une commande pour 50 appareils Gulfstream, soit le nouveau G500 et des appareils existants. Cette entente comprend des commandes fermes et des options.

À venir jusqu'à maintenant, la flotte de Flexjet comprenait uniquement des appareils de Bombardier. Cela n'a rien d'étonnant puisque l'entreprise faisait partie de Bombardier jusqu'à sa vente à une firme d'investissement américaine, l'automne dernier.

Flexjet est donc maintenant libre d'acheter autre chose que des avions Bombardier.

Qatar Airways a également signé hier une lettre d'entente pour l'acquisition d'une vingtaine d'appareils Gulfstream, dont le G500. Cette entente comprend aussi des ventes fermes et des options.

Comme dans le cas de Flexjet, Qatar est un client de Bombardier qui se tourne maintenant du côté de Gulfstream. En effet, la flotte actuelle des avions d'affaires de Qatar Airways, le service Qatar Executive, compte uniquement des appareils Challenger et Global de Bombardier.

Le G500 devrait entrer en service en 2018 et le G600, une année plus tard.