La grève des pilotes d'Air France se poursuit avec à peine la moitié des vols assurés dimanche, sans aucune perspective de sortie de crise après le refus du gouvernement et de la direction du groupe de nommer un médiateur.

Avec 54% de ses pilotes en grève, la compagnie prévoit d'assurer dimanche, quatorzième jour du conflit, un peu moins de la moitié (45%) de ses vols, un taux moindre que samedi, car les vols opérés par sa filiale Hop! sont également moins nombreux ce jour-là.

Malgré les pressions pour cesser le mouvement et les mises en garde sur le péril encouru par Air France en cas de poursuite, dont un nouvel appel du premier ministre, Manuel Valls, à arrêter une grève «insupportable», les pilotes ont récusé les dernières propositions de la direction.

Les uns et les autres s'accusent mutuellement de refuser toute concession.

Les négociations ont été suspendues dans la nuit de vendredi à samedi sans qu'aucun rendez-vous ait été fixé.

Toutefois, samedi soir, le principal syndicat de pilotes de Transavia France, la filiale low cost d'Air France, a affirmé dans un communiqué que les pilotes d'Air France négocieraient avec la direction de nouvelles règles d'ancienneté, de nature à porter une «atteinte grave» à leurs intérêts.

Samedi matin, le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL, majoritaire) avait assuré à l'AFP avoir proposé une solution de sortie de crise dans laquelle les pilotes faisaient des «concessions» : elles sont selon lui sur la table depuis quelques jours, mais bloquées par Alexandre de Juniac, le PDG du groupe Air-France-KLM dont l'État détient 16%.

«Les pilotes faisaient de grosses concessions en acceptant les conditions de travail de Transavia, mais demandaient en échange un contrat de travail unique», a expliqué le porte-parole du syndicat, Guillaume Schmid.

«Faux», a répondu un porte-parole de la compagnie, dénonçant les «positions sinueuses et contradictoires du SNPL».

«Il n'y a ni proposition ferme, ni protocole d'accord sur la table» a-t-il affirmé : selon lui, «la proposition à laquelle (le SNPL) fait allusion est celle de réflexions exploratoires» présentées par les pilotes en début de semaine et rejetées «de façon collégiale par l'ensemble de la direction d'Air France et d'Air France-KLM».

Pour le porte-parole «la mise en cause de M. de Juniac est absolument fausse et pour le moins curieuse», a-t-il insisté, jugeant l'attitude des pilotes «difficile à suivre».

«Nous avons sur la table un plan de sortie de crise présenté hier (vendredi), équilibré, qui apporte des garanties aux pilotes et répond en grande partie aux inquiétudes exprimées tout en permettant le développement de Transavia aux conditions du low cost», a-t-il estimé.

«Négociations suspendues sine die»

Sur cette base «les négociations peuvent reprendre dans la seconde. La porte de la salle reste ouverte jour et nuit» a-t-il noté.

La direction proposait de maintenir l'emploi des pilotes «aux conditions d'exploitation et de rémunération de Transavia France, afin de garantir la compétitivité de cette dernière ainsi que son développement en complémentarité avec le réseau Air France».

Mais cela «ne répondait pas aux préoccupations de la profession», a estimé le SNPL, qui craint de voir fondre les avantages du statut Air France au profit du statut Transavia, moins généreux. Il a alors demandé la nomination «d'un médiateur indépendant». Proposition rejetée par Matignon.

Depuis le 15 septembre, les pilotes en grève protestent contre les conditions de développement de la filiale low cost d'Air France. S'ils ont obtenu l'abandon du projet de Transavia Europe, ils réclament des garanties sur les conditions de travail à Transavia France.

Pour le moment, le préavis du SNPL court jusqu'à mardi 30 septembre inclus et le Spaf, deuxième syndicat représentatif, s'est aligné vendredi sur cette date, accusant la direction d'être «responsable du pourrissement de la situation».

Selon la direction, la situation d'Air France «devient extrêmement délicate», la compagnie perdant chaque jour «20 millions d'euros».

Les professionnels du secteur (aéroports, voyagistes, etc.) ont eux souligné que cette grève était «catastrophique pour le secteur aérien français».