Airbus a réalisé jeudi le premier vol d'essai de son A320neo, version remotorisée à l'aérodynamisme amélioré de son modèle vedette, qui vise à conforter son leadership sur le marché des avions moyens-courriers pour les 20 prochaines années.

Le premier des huit avions qui seront engagés dans une campagne d'essais en vol d'un an a décollé très silencieusement de l'aéroport de Toulouse-Blagnac à midi, pour revenir à son point de départ sans encombre à 14h20.

Airbus a vendu plus de 6000 exemplaires de son A320 depuis le milieu des années 1980 et 5500 sont actuellement en exploitation, a indiqué le directeur commercial du constructeur européen, John Leahy, lors d'une conférence de presse dans les locaux d'Airbus, en bord de piste, à Colomiers en Haute-Garonne.

Sur ces 30 dernières années, les ventes de la famille A320 (du petit A318 de 107 places au 321 de 220 sièges en passant par les A319 et A320) devancent celles de son concurrent le Boeing 737 de Boeing.

Airbus mise maintenant sur sa nouvelle version remotorisée pour conforter ce leadership face à la nouvelle version également remotorisée de Boeing, le 737 Max, en proposant une économie de carburant de 15 à 20% par siège comparé à la génération actuellement en service.

Pour rester en tête sur ce créneau des biréacteurs de 100 à 200 places, utilisés en général sur des étapes de moins de 5000 km, Airbus rappelle que cette économie est un atout considérable face à un carburant durablement cher.

L'A320Neo, dont le projet a été lancé fin 2010, a déjà reçu 3257 commandes de 60 clients avant même son premier vol, a souligné M. Leahy.

La première livraison est prévue fin 2015

L'A320neo représente actuellement 60% du marché des commandes d'avions moyens-courriers face à l'américain Boeing.

Un marché mondial particulièrement prometteur qui, selon les projections d'Airbus, devrait représenter un gâteau à partager de 22 100 avions neufs moyens-courriers dans les 20 prochaines années, soit 70% du marché total (qui comprend aussi les longs courriers).

Deux types de nouveaux moteurs, les Pratt et Whitney disponibles sur les premiers avions et les CFM Leap franco-américains livrables à partir de l'été 2016 devraient contribuer pour 12% à l'économie de carburant prévue et l'aérodynamisme amélioré devrait jouer à hauteur de 3%, a déclaré le responsable du programme Klaus Roewe.

Pour y parvenir Airbus a doté la voilure de ses A320 de sharklets (ailerons de requins) de 2,4 mètres dressés en bout d'aile.

Jusqu'à 20% d'économie

L'économie par siège «atteindra 20% en 2020» grâce à une amélioration supplémentaire des moteurs et à une augmentation de la capacité des avions vers 2018, a assuré M. Roewe.

De nouveaux sièges, de nouveaux aménagements pour les toilettes et cuisines, la suppression d'une des quatre portes devraient permettre d'augmenter la capacité des avions tout en réduisant leur poids «sans nuire au confort ou à la sécurité» selon M. Roewe.

La capacité maximale des A320 sera portée à 189 sièges contre 180 actuellement et celle de l'A321 atteindra alors 240 passagers contre 220.

«Nous avons apporté des innovations qui ont un très grand succès auprès des clients», a déclaré Fabrice Brégier président d'Airbus aviation commerciale devant quelques journalistes.

M. Brégier a souligné que ces améliorations ne «s'opposent pas au lancement d'avions totalement nouveaux mais complètent la démarche d'Airbus» pour dix fois moins cher. L'A320 Neo a couté environ 1,5 milliard d'euros contre 15 milliards pour un nouvel avion.

La nouvelle gamme sera produite sur l'ensemble des chaînes d'Airbus, à Hambourg, Toulouse, en Chine et bientôt aux États-Unis. Les Neo se substitueront progressivement aux A320 Ceo (à motorisation classique) actuellement produits au rythme de 42 avions par mois.

Le rythme de production combiné des deux versions atteindra 46 appareils par mois en 2016, estime Airbus qui ne produira plus que des Neo à ce rythme à partir de 2018.

Une montée supplémentaire vers les 50 avions par mois n'est pas exclue mais, souligne M. Brégier, «nous croyons au long terme nous n'avons pas de raison de nous précipiter car nous ignorons l'évolution économique générale».