La direction d'Air France et les pilotes, opposés au projet de low cost Transavia Europe, retournent mercredi soir à la table des négociations sous la pression du gouvernement, pour sortir d'une grève qui cloue au sol la moitié des vols depuis dix jours.

«Les organisations syndicales représentatives, le SNPL (71% des voix) et le Spaf (12%), seront reçues par la direction ce soir à 20h30», a indiqué à l'AFP le porte-parole du Syndicat national des pilotes de ligne, Guillaume Schmid.

«Nous devons maintenant savoir si la direction, qui n'a plus voulu négocier depuis vendredi soir, est disposée à confirmer l'abandon de Transavia Europe», a-t-il toutefois nuancé.

Depuis mercredi matin, la confusion régnait autour du sort du projet de low cost Transavia Europe, au coeur du conflit avec les pilotes, le gouvernement évoquant son abandon tandis que la direction continuait de parler de suspension.

«Si l'abandon ou le report du projet Transavia en Europe permet de trouver une solution de crise, c'est la bonne solution», a déclaré mercredi Manuel Valls, en déplacement au Havre. «Mais il faut le faire vite, et il faut le dire. Il ne doit pas y avoir de surenchère de part et d'autre».

Mardi, le PDG du groupe Air France-KLM Alexandre de Juniac avait déclaré que s'il devait renoncer à Transavia Europe, ce serait «la mort dans l'âme».

La poursuite du plus long conflit de pilotes chez Air France, à égalité avec celui de 1998, place la compagnie «en danger», selon Manuel Valls, avec des pertes estimées entre 15 à 20 millions d'euros par jour.

Dans les aéroports, la grève se traduit depuis le 15 septembre par l'annulation de près de la moitié des vols. Air France devait assurer mercredi 47% du trafic et table sur un pourcentage identique jeudi.

À Nice, le nombre des vols annulés a atteint mercredi 60%, à Toulouse 70%.

Mobilisation en hausse

Au niveau national, le taux de pilotes grévistes attendu pour jeudi est de 62%. Ce chiffre marque une hausse de la mobilisation de la part des grévistes, qui étaient 57% mardi et 52% mercredi, selon les estimations de la direction.

La compagnie recommande à ses clients ayant réservé un vol d'ici au 30 septembre de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais.

Le SNPL, héraut de la contestation, a étendu son préavis de grève jusqu'à cette date. Les préavis du Spaf, deuxième syndicat, et d'Alter (non représentatif) courent jusqu'à vendredi.

En réponse au rassemblement de pilotes de ligne, organisé la veille à Paris, entre 500 et 600 salariés d'Air France ont manifesté mercredi à la mi-journée à l'aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle pour soutenir la direction contre ces professionnels du ciel en grève.

«Les pilotes au boulot! Non à la grève», ont scandé les participants, des personnels au sol et d'escale, agents de maintenance, techniciens, quelques pilotes et des commerciaux de l'entreprise.

À quelques mois des élections professionnelles de mars 2015, les dissensions entre les différentes catégories du personnel d'Air France n'ébranlent pas la détermination des syndicats de pilotes, décidés à enterrer définitivement la filiale à bas coût Transavia Europe.

Les inquiétudes des syndicats se cristallisent autour d'une compagnie à bas coût paneuropéenne qui imposerait à ses pilotes des contrats de statut local, soulevant un risque de «dumping social», selon eux.

Leur mouvement égale le record du plus long conflit mené par les pilotes d'Air France. En juin 1998, ces derniers protestaient contre le projet du PDG, Jean-Cyril Spinetta, de réduire de 500 millions de francs la masse salariale annuelle des pilotes grâce à un échange salaire contre actions.