La grève à Air France est entrée lundi dans sa deuxième semaine, avec une mobilisation toujours aussi forte des pilotes, six avions sur dix bloqués au sol et aucune sortie de crise en vue malgré les appels au «compromis» du gouvernement.

Le principal syndicat de pilotes, le SNPL AF Alpa, a annoncé samedi, après consultation de ses adhérents, la reconduction de la grève jusqu'au vendredi 26, sans exclure d'aller au-delà si la «situation de blocage» persiste.

Un autre préavis du deuxième syndicat de la compagnie française, le Spaf, court pour sa part jusqu'à mercredi.

Le conflit chez Air France est d'ores et déjà le plus long depuis le mouvement social de 1998, qui avait duré dix jours.

Au coeur du conflit: le projet de la direction de développer la filiale à bas coûts Transavia, dont les pilotes craignent qu'il débouche sur un «dumping social» et des «délocalisations» au détriment des emplois français.

Air France prévoit d'assurer lundi 41% de ses vols en moyenne, avec un taux de grévistes de 65%, stable par rapport au week-end et quasi inchangé depuis le début du conflit.

Certains aéroports sont plus affectés, comme Bordeaux qui prévoit 68% d'annulations, et Lille où aucun vol ne doit être assuré.

Le gouvernement français a multiplié ces derniers jours ses appels à la fin du conflit. «Clairement aujourd'hui, il faut que le travail reprenne», a martelé lundi le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, à la radio Europe 1.

Son homologue chargé des Transports, Alain Vidalies, avait réclamé la veille «un compromis» entre direction et syndicats. Dès la semaine passée, le premier ministre Manuel Valls avait appelé en vain les pilotes à «arrêter» leur grève, selon lui «pas comprise».

«Il faut avoir une démarche positive dans cette situation. Sinon, je pense que c'est le sort de la compagnie qui peut être en cause», a averti M. Vidalies, rappelant qu'Air France est, comme les autres compagnies aériennes historiques, confrontée à la vive concurrence des à rabais et est «financièrement fragile».

«Frustration et mécontentement»

Le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a chiffré le coût du mouvement à «10 à 15 millions d'euros» par jour pour la compagnie, qui «sort à peine la tête de l'eau».

Le SNPL en a appelé ce week-end à Manuel Valls, espérant qu'il «aura à coeur de s'intéresser à la sauvegarde de l'emploi français». Le syndicat avait réitéré sa demande de rencontrer le chef du gouvernement.

Dans un courrier interne à l'ensemble de ses pilotes, la direction d'Air France a fait état dimanche de «tentatives d'intimidation» lui ayant été rapportées à l'encontre des non-grévistes, assurant qu'elle «engagera les démarches nécessaires pour punir celles ou ceux qui se livrent à de tels agissements».

«C'est une grève qui commence à devenir interminable», a déploré ce week-end une association de défense de voyageurs, en soulignant le risque pour la compagnie de «perdre à l'avenir des parts de marché» parce que ses clients «préfèreraient aller ailleurs».

Air France a réitéré ses excuses à ses clients, disant dans une lettre partager leur «frustration» et «mécontentement». Elle conseille à ses clients ayant réservé un vol jusqu'au 26 septembre de «reporter leur voyage, ou changer leur billet sans frais».