Aujourd'hui, le conseil d'administration d'Aéroports de Montréal décidera s'il accorde le contrat de démolition de l'aérogare de Mirabel. Ottawa n'interviendra pas, mais certains espèrent encore que l'aérogare soit sauvée, et l'aéroport, relancé avec de nouveaux exploitants.

L'aérogare de Mirabel n'appartient pas à Aéroports de Montréal (ADM), mais au gouvernement canadien. Toutefois, ADM a quand même le droit de la démolir.

«C'est implicite dans notre bail, nous avons le droit de le faire, affirme le président-directeur général d'ADM, James Cherry, dans une entrevue avec La Presse Affaires. Il n'y a aucun doute.»

Il rappelle qu'ADM a fait démolir nombre de bâtiments à Montréal-Trudeau, des hangars et des jetées notamment, pour agrandir et moderniser l'aéroport.

Dans un courriel envoyé à La Presse Affaires, Transports Canada souligne qu'il ne s'ingère pas dans les activités courantes d'ADM et qu'il respecte son autonomie.

«La décision de démanteler l'aérogare de l'aéroport de Mirabel a été prise par Aéroports de Montréal, note Jana Regimbal, l'attachée de presse de la ministre des Transports Lisa Raitt. Le rôle de Transports Canada est de veiller à ce que cette décision, qui relève uniquement d'Aéroports de Montréal, soit conforme aux dispositions du bail.»

Processus d'approbation

Le gouvernement canadien a confié la gestion de Montréal-Trudeau et Montréal-Mirabel à ADM en vertu d'un bail conclu avec Transports Canada en 1992. Le document de plus de 250 pages indique qu'ADM doit investir pour maintenir ses installations en bon état et les développer «en fonction des besoins de la collectivité».

Le bail spécifie également que toute modification au plan d'utilisation des sols doit être approuvée par Transports Canada.

M. Cherry souligne qu'ADM a suivi ce processus d'approbation lors du rapatriement de tous les vols à Montréal-Trudeau en 2004. Il fallait alors changer la vocation de l'aérogare pour en faire un espace commercial.

Au printemps 2004, ADM a lancé un appel de propositions international pour le redéveloppement des installations de Montréal-Mirabel. Elle visait notamment les secteurs de la logistique, de l'aéronautique, de la fabrication légère et du récréo-touristique. Elle souhaitait surtout des projets pour le redéveloppement de l'ensemble du complexe (l'aérogare, le stationnement, l'hôtel et l'édifice administratif), mais elle était prête à considérer des projets pour l'un ou l'autre de ces éléments.

La vice-présidente aux affaires publiques d'ADM, Christiane Beaulieu, observe que la société avait organisé des consultations pour permettre le changement de vocation.

«On avait amené le conseil consultatif communautaire par autobus pour leur montrer où commençait l'espace commercial», se rappelle-t-elle.

Elle affirme que le ministère des Transports a accordé son autorisation au changement de vocation à l'issue de ce processus.

L'entreprise Syscomax a entrepris de réhabiliter l'immeuble administratif et l'hôtel. Toutefois, tous les projets concernant l'aérogare, dont un complexe aquatique, sont tombés à l'eau.