Bombardier (T.BBD.B) n'est pas au bout de ses peines avec son programme de la CSeries, croient certains analystes financiers.

Dans un rapport diffusé mardi, Noah Poponak, de Goldman Sachs, recommande aux investisseurs de se départir de leurs actions de l'avionneur montréalais en plus d'abaisser son cours-cible - qui passe de 3,20 $, à 3,00 $.

Selon lui, les premières livraisons de la CSeries, prévues pour la deuxième moitié de l'année 2015, seront inévitablement repoussées, notamment parce que les essais en vol de l'appareil sont suspendus depuis maintenant trois mois.

«Nous estimons qu'il faudra six mois de plus pour obtenir la certification (de l'avion) et que le premier CS100 sera livré (au cours de la) première moitié de 2016», écrit-il.

M. Poponak note que seulement 330 heures d'essais en vol ont été réalisées sur les 2400 nécessaires afin d'obtenir la certification de Transports Canada. D'après l'analyste, la moyenne mensuelle des essais en vol devra atteindre 160 heures afin de respecter l'échéancier actuel.

«Cela ne risque pas de se produire compte tenu des essais en vol effectués avant l'incident (du 29 mai) (...) ainsi que des risques de voir d'autres problèmes survenir au cours des prochains mois», écrit-il.

Le rapport de M. Poponak survient quelques jours après que Braathens Aviation eut indiqué à Bombardier qu'elle ne voulait plus être le premier client à recevoir son nouvel avion commercial.

En 2011, le transporteur suédois avait passé une commande ferme de cinq CS100 et cinq autres CS300 - évaluée à 665 millions $ -avec une option pour 10 appareils supplémentaires, ce qui pourrait faire grimper son prix total à 1,37 milliard $.

Cette décision de Braathens devrait avoir des répercussions négatives pour Bombardier, croit l'analyste de Goldman Sachs. «La CSeries devait influencer négativement les résultats de Bombardier et provoquer un élan négatif pour les années à venir», écrit M. Poponak.

De son côté, même si Dominion Bond Rating Service (DBRS) a laissé la cote de crédit de l'entreprise à BB (faible), cela n'empêche pas l'agence de notation torontoise d'estimer que Bombardier fait face à plusieurs défis.

Par le biais d'une note, elle qualifie de «faible» la rentabilité de Bombardier en 2014, notamment en raison des marges qui ont été moins élevées dans son secteur des transports et des défis rencontrés par sa division aéronautique.

«DBRS pourrait réviser négativement la cote de Bombardier si la compagnie annonce d'autres hausses de coûts de programmes, d'autres retards dans l'entrée en service de la CSeries ou d'autres changements qui feraient grimper l'endettement», souligne l'analyste Viktor Vorobiev.

De son côté, David Tyerman, de Canaccord Genuity, prône plutôt la patience, puisqu'il estime qu'à long terme, le recul du dollar canadien ainsi que la restructuration de la division aéronautique de Bombardier devraient stimuler ses profits.

«Notre recommandation d'achat s'adresse aux investisseurs patients», mentionne-t-il dans une note envoyée par courriel.

Annoncée en juillet, la réorganisation de Bombardier Aéronautique entraînera l'élimination de quelque 1800 postes «indirects». Ces licenciements s'ajoutent aux 1700 annoncés plus tôt cette année, surtout à Montréal et Mirabel.

M. Tyerman croit également que la décision de Braathens Aviation quant à la réception des premiers CSeries ne l'incitera pas à annuler sa commande ferme pour 10 appareils qui seront exploités par une de ses filiales, Malmö.

«La CSeries permettra à Malmö de poursuivre ses activités (...) avec un appareil beaucoup plus économique», croit l'analyste de Canaccord Genuity.

Ce dernier s'attend également à ce que d'autres compagnies aériennes grimpent dans la file pour pendre la place de Malmö en ce qui a trait aux livraisons des nouveaux avions commerciaux de Bombardier.

Le carnet de commandes de la CSeries compte un engagement pour 513 appareils, dont 203 commandes fermes. Bombardier souhaite atteindre 300 commandes fermes avant les premières livraisons de l'appareil.

En mi-journée, à la Bourse de Toronto, le titre de la société établie à Montréal glissait de trois cents pour se transiger à 3,63 $.