Airbus (EADSY) a encaissé mercredi un coup dur sans précédent avec l'annulation d'une commande de 70 A350 par Emirates, une des compagnies de lancement de ce long-courrier vedette qui doit entrer en service cette année.

Cette commande de la puissante compagnie du Golfe représentait 16,5 milliards de dollars quand elle a été passée en 2007. L'action Airbus Group a immédiatement décroché à l'ouverture de la Bourse de Paris. En fin de matinée, elle perdait près de 5,5% à 11,22 euros.

«Ce n'est pas une bonne nouvelle du point de vue commercial mais ça n'a pas d'impact financièrement», a assuré le patron des ventes d'Airbus, John Leahy.

Il a expliqué à l'ouverture des journées de l'innovation du constructeur à Toulouse qu'il avait le temps de trouver d'autres clients pour ces avions dont le premier devait être livré en 2019.

«Nous avons déjà des gens qui font la queue» pour se renseigner sur les créneaux de livraisons libérés par Emirates, a-t-il dit. De plus, aujourd'hui, «le prix de l'appareil est supérieur à ce qu'il était lors du lancement».

Cette annulation par un client prestigieux, d'une ampleur sans précédent dans l'histoire des avions de ligne, apparaît comme un sérieux coup dur pour Airbus, qui compte sur l'A350 pour concurrencer le 787 de Boeing, en service depuis 2011. L'annulation «représente 11% des commandes attendues chez Airbus en 2014», a souligné Christophe Menard, analyste chez KeplerChevreux.

«La décision fait suite à des discussions avec la compagnie suite à une révision de leurs besoins en flotte de long-courriers, qui s'est traduite par une commande de 50 A380 (super-jumbo) supplémentaires lors du salon de Dubai» en novembre dernier, a indiqué Airbus.

John Leahy a précisé que cette annulation venait de lui être signifiée, et qu'elle n'était donc pas une contrepartie à la commande d'A380 l'année dernière.

Lors du même salon de Dibau, Emirates a passé commande à Boeing de 150 très longs-courriers 777-8 et 777-9, qui doivent entrer en service à partir de 2020. Elle a pris une option pour 50 appareils supplémentaires.

La compagnie du Golfe n'était pas joignable mercredi matin.

Les futurs 777 comme l'A350 entrent dans «ce qu'on appelle le segment des biréacteurs moyen (qui) est le coeur du marché», souligne l'analyste Scot Hamilton, basé à Seattle, la ville de Boeing.

Confiance maintenue

Airbus affiche cependant sa confiance dans son nouveau long-courrier, dont le fuselage est à majorité en matériaux composites, soulignant que «le carnet de commandes est de 742 exemplaires, à six mois de son entrée en service». Ils ont été commandés par 28 compagnies différentes.

M. Leahy a d'ailleurs fait valoir que Boeing avait subi plus d'annulations pour son 787 que les 150 encaissées jusqu'à présent pour l'A350.

«La campagne de vols d'essai de l'A350 se déroule bien et est dans les temps pour une certification (par les autorités de l'aviation) dans les mois qui viennent», selon le communiqué d'Airbus.

Emirates avait passé la commande de 50 A350-900 et 20 à A350-1000 (version allongée de l'appareil) en 2007. C'était la deuxième commande d'A350 en volume, derrière celle de 80 passée par Qatar Airways. Singapore Airlines a également 70 A350 en commande.

Pour Scott Hamilton, cette annulation pourrait laisser un vide dans la flotte d'Emirates, dont Boeing pourrait profiter en plaçant son 777-300R, qui se vend moins bien et qui a des créneaux de livraisons libres à partir de 2017.

Emirates pourrait choisir d'étoffer sa flotte considérable de 777-300R plutôt que d'introduire un nouveau modèle, à moins, poursuit-il, «que son énorme commande de 150 777X suffise à ses besoins».

Pour Christophe Menard, Emirates a probablement choisi de simplifier sa flotte en se concentrant sur l'A380 et le 777. «Tout besoin supplémentaire pourrait être couvert par une nouvelle commande de 777-300ER», selon lui.