La nouvelle gamme d'avions CSeries de Bombardier (T.BBD.B) doit composer avec un nouveau nuage d'incertitude, son plus grand client ayant maintenant indiqué évaluer ses options pour les appareils, qui ne cadrent plus dans son modèle d'exploitation.

Republic Airways affirme ne pas avoir décidé quoi faire de sa commande ferme de 40 appareils CS300, passée en 2010 au coût de 3,06 milliards $ US, et précise ne pas avoir encore choisi de l'annuler.

La ligne aérienne américaine a reporté sa prise de décision à ce sujet, le temps de se concentrer sur la rentabilité de ses activités régionales, maintenant qu'elle a vendu, en décembre, son transporteur à bas prix Frontier Airlines.

Ses options probables comprennent la vente de ses premières positions dans le calendrier de production, la négociation des positions plus tardives pour se donner davantage de temps pour prendre une décision et l'annulation de la commande - ainsi que le versement de pénalités à Bombardier.

De son côté, l'avionneur montréalais assure que la commande suit son cours, tout en aidant son client américain à évaluer ses besoins en appareils régionaux. Republic Airways se concentre sur la fourniture de vols régionaux à de plus grandes lignes aériennes.

La porte-parole de Bombardier, Marianella de la Barrera, a indiqué que l'avionneur n'avait pas discuté avec Republic de ses plans pour la CSeries, ajoutant que l'usage qui était fait des appareils achetés était à la «discrétion» des clients.

«Notre contrat est un contrat ferme, il suit son cours et ce que Republic décide de faire avec (ses avions) lorsqu'elle les obtiendra est à sa discrétion», a-t-elle indiqué lors d'un entretien.

Mme de la Barrera a indiqué qu'il était habituel pour Bombardier d'aider ses clients à faire une analyse de leurs besoins et des meilleures façons de les combler et que l'entreprise profiterait de l'occasion pour faire valoir ses avions régionaux, pendant que Republic fait l'examen de ses activités d'ensemble.

Des analystes ont indiqué que l'incertitude de Republic était un élément négatif pour la CSeries, dont l'entrée en service a été retardée jusqu'à la deuxième moitié de l'an prochain. En outre, la cadence des nouvelles commandes pour la CSeries n'est pas très rapide.

Les commentaires de Republic surviennent quelques jours après qu'Air Canada (TSX:AC.B) eut indiqué qu'il n'achèterait pas d'avions CSeries pour l'instant et qu'il préférait s'en tenir aux 25 appareils Embrear 195 qu'il possède déjà.

L'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, estime que Republic détient une période d'environ deux ans avant de prendre une décision sur la livraison des avions, qui aurait vraisemblablement lieu dans la deuxième moitié de 2016.

«Les commentaires de Republic, sont, sans aucun doute, un élément négatif et ils mettent en évidence le risque de ventes soutenu du programme de la CSeries», a-t-il écrit dans un rapport.

«Cependant, la commande de Republic est une commande ferme et la direction de Republic devra déterminer la valeur réelle de l'entente d'achat et s'il est plus logique pour elle de vendre ses premières positions sur le calendrier de production ou d'accepter malgré tout la livraison des avions.»

Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux, a estimé qu'une annulation de la commande de Republic serait négative. Cependant, il a rappelé que les commentaires récents du chef de la direction du transporteur, Bryan Bedford, après avoir visité les installations de Bombardier à Mirabel montraient qu'il avait été impressionné par la CSeries.

L'action de Bombardier a reculé mercredi de 4 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 3,88 $, sur un lourd volume de 17,4 millions d'actions.