L'hiver qui se prolonge devrait permettre à Transat de minimiser quelque peu les dommages causés par la chute du dollar canadien.

«J'ai prié très fort et j'ai finalement obtenu ce dont j'avais besoin pour terminer mon hiver», a lancé le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, à l'issue de l'assemblée annuelle de l'entreprise hier matin, alors que plusieurs Québécois jouaient de la pelle pour sortir de chez eux.

«Plus il fait froid, plus il neige, plus on a de la gadoue, plus les gens veulent partir, a-t-il rappelé. Ça va certainement terminer relativement bien l'hiver.»

La saison hivernale de Transat se termine le 30 avril et coïncide avec la fin du deuxième trimestre.

La saison hivernale avait bien commencé. La direction espérait même un premier trimestre profitable. Puis, le dollar canadien a baissé en décembre et, pour reprendre les termes de M. Eustache, s'est «écroulé» en janvier.

L'entreprise a imposé une surcharge de 35$ par forfait, mais cela n'a pas été suffisant pour compenser la hausse des frais d'exploitation suscitée par la baisse de la devise canadienne. En effet, une partie importante des coûts de l'entreprise sont payés en dollars américains. Sur une base annuelle, les dépenses de Transat atteignent 3,5 milliards. Là-dessus, 1,2 milliard est en dollars américains. Il s'agit d'éléments comme la location d'avions, un grand nombre d'hôtels, le carburant et les pièces de rechange.

Pour le premier trimestre, la diminution de la devise canadienne a eu une incidence négative de 14 millions sur les résultats.

L'entreprise a terminé le trimestre avec une perte nette de 25,6 millions, comparativement à une perte nette de 15,1 millions en 2013.

L'action de Transat a fondu de 17,35% pour clôturer à 9,10$ à la Bourse de Toronto hier.

«Les analystes financiers s'attendaient à de meilleurs résultats, a déclaré M. Eustache. Je ne suis pas surpris que l'action baisse. Mais comme nous ne sommes pas à court terme, comme je ne suis pas en train de vendre mes actions, pour moi, c'est business as usual.»

Toujours en raison de la baisse du huard, Transat s'attend à ce que les résultats du deuxième trimestre de 2014 soient inférieurs à ceux du trimestre correspondant de 2013, même si la rudesse de l'hiver viendra donner un coup de main à l'entreprise.

«Nous avons de très petites marges, a rappelé M. Eustache. Une différence de remplissage de 1 à 2%, ça peut faire un changement. Plus l'hiver est mauvais, plus je suis content.»

Saison estivale

La faiblesse du dollar canadien par rapport à la devise américaine aura toutefois moins de répercussions pendant la saison estivale parce que les activités transatlantiques de Transat prennent plus d'importance.

«En ce moment, ça va très bien pour l'été, a déclaré M. Eustache. On a le même nombre de passagers réservés, nos prix de vente sont en hausse de 5% et aujourd'hui, on ne voit pas faiblir la demande.»

M. Eustache n'est donc pas prêt à dire que les résultats de l'ensemble de 2014 seront moins bons que ceux de 2013.

«C'est trop tôt», a-t-il déclaré.

Transat continuera à mettre en oeuvre son plan de réduction des dépenses, qui devrait lui permettre de réaliser des économies cumulatives de 75 millions sur quatre exercices.

L'entreprise comptera notamment sur l'exploitation d'une flotte plus flexible. Transat se dotera de petits porteurs, des Boeing 737, pour les destinations soleil l'hiver prochain. Jusqu'à maintenant, elle faisait appel aux appareils de CanJet pour exploiter un certain nombre de destinations soleil, mais l'entente avec cette entreprise prend fin le 30 avril.

Transat continuera à compter sur de plus gros appareils Airbus pour les liaisons transatlantiques.

«Nous innovons alors qu'une partie de nos pilotes aura une double qualification et pilotera, selon la saison, un Boeing ou un Airbus», a déclaré M. Eustache.

Il a fait valoir que cette double qualification permettra également à Transat de minimiser les mises à pied saisonnières de ses pilotes.