Le report de l'entrée en service de la CSeries a des conséquences pour Bombardier (T.BBD.B), qui voit l'agence de notation américaine Fitch abaisser sa cote de crédit de «BB-» «à BB».

L'agence a fait part de sa décision vendredi, au lendemain de l'annonce par l'entreprise montréalaise que les premières livraisons de ses nouveaux appareils, prévues à l'automne, n'auraient pas lieu avant la deuxième moitié de l'année 2015.

De plus, rappelle Fitch, l'entrée en service des CS300, qui peuvent transporter davantage de passagers et qui représentent les deux tiers du carnet de commandes de la CSeries, se ferait six mois après celle des CS100.

Fitch estime que cette situation fera en sorte que les coûts d'emprunt de Bombardier vont inévitablement grimper.

«Les délais vont notamment faire grimper les coûts du programme (actuellement estimé à 3,4 milliards $ US), ralentir le remboursement de la dette (...) en plus d'augmenter les risques de pénalités», écrit l'agence américaine dans sa décision, rendue publique vendredi.

Sans y aller d'une décote à l'endroit de Bombardier, l'agence de notation Moody's a également estimé que ce retard dans les livraisons de la CSeries devrait faire grimper les coûts du programme à 3,9 milliards $ US.

Fitch prévient qu'une réévaluation positive de la cote de crédit de l'avionneur dans un avenir rapproché est «peu probable».

«Les faibles paramètres de crédit de Bombardier rendent l'entreprise vulnérable à d'autres mauvaises nouvelles», écrit-elle.

L'agence croit que l'entreprise est «sous pression» financièrement, entre autres en raison des coûts du programme de la CSeries, du fléchissement du nombre de commandes d'avions ainsi que des marges de ses divisions aéronautique et transport.

«Même si le carnet de commandes de Bombardier est solide, plusieurs commandes concernent des avions d'affaires et des appareils CSeries qui ne seront pas livrés avant plusieurs années», souligne l'agence.

Selon Fitch, les flux de trésorerie seront positifs uniquement tard en 2015 puisque les dépenses reliées au programme de la CSeries devraient diminuer seulement à compter de cette année.

«Les flux de trésorerie étaient négatifs de 1,9 milliard au cours des neufs premiers mois de l'année, rappelle l'agence américaine. Toutefois, nous estimons que le quatrième trimestre devrait être meilleur, ce qui permettra d'atténuer cette somme.»

Même si le programme de la CSeries est ambitieux, selon Fitch, il n'est cependant pas assurément synonyme de succès pour Bombardier.

«La capacité de l'entreprise de rentabiliser son investissement (...) dépendra de la performance de la CSeries dans le segment des avions de 100 à 149 places ainsi que du nombre de commandes», estime l'agence américaine.

Autre décote

C'est la deuxième fois en quelques mois que Bombardier subit une décote de la part d'une agence de notation.

En novembre dernier, Dominion Bond Rating Service (DBRS) avait fait passer la cote de l'entreprise de BB à BB (faible) en ce qui a trait à un type de créance, en raison notamment des importantes dépenses liées au programme de la CSeries.

Déjà, l'agence torontoise avait évoqué un possible report par Bombardier des premières livraisons de la CSeries. DBRS suggérait également que l'intérêt envers le nouvel avion de Bombardier n'était peut-être pas au rendez-vous, du moins pour l'instant.

Jusqu'ici, Bombardier a reçu 198 commandes fermes en plus de 250 options pour un total de 17 clients en ce qui a trait à la CSeries.

L'avionneur québécois espère toujours obtenir 300 commandes fermes d'une vingtaine de clients d'ici les premières livraisons de ses CS100.

L'action de Bombardier a lâché vendredi 6 cents à la Bourse de Toronto, où elle a clôturé à 4,11 $.