«Excusez-moi, est-ce que je peux voir l'horaire des autobus, là-dessus?»

Le passant s'adressait à Claude Foisy, vice-président Affichage chez Québecor Média, qui s'apprêtait à décrire les caractéristiques du nouvel abribus numérique de la Société de transport de Montréal (STM), à l'intersection des rues Union et Sainte-Catherine.

Le vice-président s'est placé à 1,5 m de l'immense écran numérique (84 po ou 2,13 m de diagonale!), qui occupe presque entièrement une des faces extérieures de l'édicule.

Il a allongé le bras, un doigt tendu à 1 m de l'écran. Une flèche est apparue sur le panneau publicitaire, puis s'est déplacée suivant le mouvement de la main dans l'espace. Lorsque le curseur s'est arrêté sur le logo de la STM, l'horaire des prochains autobus s'est étalé.

Le passant a ouvert de grands yeux.

Le déplacement de la flèche sur un autre bouton a fait apparaître les prévisions météo, et sur un troisième, une carte du quartier plein écran. «Cette interactivité n'existe nulle part ailleurs, affirme Claude Foisy. Chacun de nos partenaires peut voir à distance ce qui se passe sur chacun des écrans d'abribus.»

Travail d'équipe

Québecor Média Affichage a remporté en juin 2012 l'appel de propositions lancé par la STM pour la concrétisation du concept gagnant au concours de design d'abribus. Le projet du consortium Leblanc " Turcotte " Spooner montrait une stèle d'affichage biseautée, contre laquelle s'appuyait un plan incliné, comme un appentis soutenu par une cage vitrée.

À l'automne 2012, Québecor Média a confié à la firme montréalaise Arium Design, spécialisée dans la conception de modules de signalisation, le mandat de terminer ce concept, en collaboration avec le fabricant Carritec, de Dorval. «Le défi était de respecter le design original», décrit son président, Assam Michel Daoud.

Simultanément, l'écran dynamique avec reconnaissance gestuelle était mis au point par la firme montréalaise Numerix 3D. «Ils ont pris l'expérience client que nous avons définie et ils l'ont traduite dans la réalité», décrit Claude Foisy.

Numerix 3D avait déjà conçu quelques écrans dynamiques, mais jamais de cette taille ni soumis à autant de contraintes.

«Le défi était que tous les algorithmes qui sont utilisés pour la détection d'une personne ou la position de sa main soient optimisés pour cette hauteur, et dans les conditions d'utilisation propres au Québec, explique Dragan Ilïn, directeur en recherche et développement chez Numerix 3D. Ça inclut les bourrasques de pluie, la neige, le soleil, ainsi que des extrêmes de température.»

La mise en place des 40 abribus numériques prévus pour 2013 a été achevée cette semaine, à peine un an après le début des travaux. Avant la fin de l'année, 160 autres édicules standards auront été installés.

Le regard de la designer

Sur place en même temps que Claude Foisy, la designer et professeure Tatjana Leblanc, qui a élaboré le concept gagnant avec ses collègues Daniel Spooner et Yolaine Turcotte, voit le produit final pour la première fois. «C'est très fidèle à l'intention initiale», indique-t-elle, impressionnée par les performances de l'écran dynamique.

Elle note avec satisfaction la discrète corniche qui recèle la caméra et les haut-parleurs, au-dessus de l'écran. Bien intégré, le détail ne jure pas.

Elle repère tout de même quelques... points perfectibles. Au sommet du parallélépipède, le logo de la STM, seul élément qui signale l'usage de l'édicule, est insuffisamment mis en évidence. «Il faudrait un impact visuel plus fort», avise-t-elle.

Elle note également l'absence d'éclairage au plafond de l'abribus, alors que le projet initial comportait des DEL encastrées. La nuit, dans les secteurs mal éclairés, le chauffeur distinguera mal les clients qui attendent dans l'édicule.

Elle regrette aussi qu'on n'ait pas retenu, pour l'instant du moins, la version sur laquelle le toit se prolonge en porte-à-faux pour fournir un abri contre la pluie ou le soleil. Ce mince surplomb, projeté comme une visière, constituait une signature visuelle distinctive.