Les compagnies du Golfe, dont l'appétit pour les nouveaux avions de Boeing et d'Airbus reste insatiable, devraient conforter la place du salon de Dubaï, devenu au fil des années un des rendez-vous incontournables du secteur.

La 13e édition du Dubai Airshow, jusqu'alors organisé sur le principal aéroport de l'émirat (Dubai International), se tiendra cette année, de dimanche à jeudi, au Dubai World Central, à une cinquantaine de kilomètres du centre-ville.

Quelque 150 avions seront sur le statique et plus de 1000 exposants participeront à l'événement.

«Les trois grandes compagnies du Golfe, Emirates, Etihad et Qatar, tirent l'avantage d'une bonne situation géographique, d'une facilité d'accès aux liquidités et d'un management solide, ceci largement aux dépens des transporteurs traditionnels européens et asiatiques», commente Richard Aboulafia, vice-président du cabinet d'études américain Teal Group.

Selon lui, leur plan de «croissance agressive de leurs flottes» fait du salon de Dubaï l'un des plus grands événements de l'industrie aéronautique.

Du côté des avionneurs, «Dubaï 2013 sera sans doute un show Boeing puisque le constructeur américain doit y lancer son 777-X avec à la clé de nombreuses commandes», résume Christophe Ménard, expert aéronautique chez KeplerCheuvreux.

Le 777-X, long-courrier qui doit être doté de nouveaux moteurs moins énergivores, remplacera dans les années 2020 l'actuel «Triple 7», un des best-sellers de l'avionneur. Lancé en 1990 et commercialisé cinq ans plus tard, le 777 a été vendu à 1473 exemplaires (au 12 novembre).

L'arrivée en 2017 de l'A350-1000, version allongée du futur long-courrier en composite de l'avionneur européen capable d'emporter 350 passagers, menaçait la prédominance de Boeing sur le marché des avions long-courriers.

«Contre-attaquer»

Il était donc «impératif pour Boeing de contre-attaquer», souligne ainsi Richard Aboulafia.

Avant même son lancement officiel «de nombreuses compagnies ont manifesté leur intérêt pour cet appareil», relève en outre Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities, qui s'attend lui aussi à «un beau salon pour Boeing».

À commencer par Emirates Airline, puissante compagnie de Dubai dont le président Tim Clark avait indiqué fin octobre au quotidien britannique Financial Times, qu'il négociait une commande «substantielle» de 777-X.

Le FT évalue entre 100 et 175 unités les besoins du transporteur pour cet appareil qui devrait comporter 400 sièges, selon les premières indiscrétions.

S'agissant de commandes d'Airbus à Dubaï, dernier rendez-vous aéronautique de l'année, «l'incertitude est plus grande», note Christophe Ménard.

L'avionneur est particulièrement attendu sur les annonces entourant son très gros porteur A380. Airbus table sur la vente de 25 exemplaires cette année, mais aucune commande ferme n'a pour l'heure été annoncée.

Airbus est en négociation avec Doric pour l'achat de 20 Super Jumbos. La semaine dernière, le PDG de cette société spécialiste des achats d'avions pour le compte des compagnies, avait indiqué à l'AFP prévoir une finalisation du contrat d'ici la fin de l'année sans toutefois être en mesure de dire si le contrat serait signé à Dubai.

À défaut d'A380, Airbus pourrait placer encore quelques commandes pour son A350 ou son A320neo version remotorisée de son moyen-courrier, notamment auprès d'Etihad, la compagnie d'Abou Dhabi et/ou de Qatar.

Au final, l'édition 2013 de Dubaï «pourrait avoisiner voire dépasser» le record de 2007, estime Jean-Louis Dropsy, expert aéronautique au cabinet Kurt Salmon. Les ventes avaient alors atteint 155 milliards de dollars, «un record de vente pour un salon aéronautique», dit-il.

«Les seules commandes de 777 et de 787 pourraient s'élever à 80 ou 100 milliards de dollars, auxquelles s'ajouteraient celles potentielles d'Airbus, de jets d'affaires, etc.».

En valeur, il pourrait ainsi dépasser le Bourget qui a enregistré en juin des commandes et des intentions d'achats pour 115 milliards.

M. Dropsy ajoute que «le salon ne sert pas seulement à réaliser des ventes record d'avions, mais aussi à affirmer Dubaï comme le hub mondial d'excellence aéronautique».

Enfin, commente-t-il, «les Émirats, dont le marché domestique est limité par leurs deux millions d'habitants, se servent de l'aéronautique comme d'un levier économique majeur pour développer le commerce et le tourisme. Comme autrefois le chemin de fer qui développait les villes par lesquelles il passait».