Depuis quelques années, les pilotes canadiens se battent pour empêcher Sunwing d'embaucher des dizaines et des dizaines de pilotes étrangers chaque hiver.

Ils ont notamment envoyé une pétition au ministre fédéral de la Citoyenneté et de l'Immigration en 2012 et ont fait valoir leurs arguments auprès de l'Office des transports du Canada.

Chaque année, Sunwing et, dans une moindre mesure, Canjet louent un certain nombre d'avions avec équipage à l'étranger pour faire face à la haute saison d'hiver. Ces avions et ces équipages proviennent d'Europe, notamment de l'Irlande, de la Pologne et de la République tchèque dans le cas de Sunwing. En Europe, l'hiver est une basse saison touristique.

Les pilotes d'Air Canada et d'Air Transat estiment que c'est une façon pour Sunwing d'éviter d'assumer les importants coûts de formation des équipages, et ainsi d'augmenter sa compétitivité.

«Les coûts de formation constituent des coûts normaux à assumer lorsqu'on est dans les affaires, soutient Craig Blandford, président de l'Association des pilotes d'Air Canada. Toutes les autres sociétés aériennes les défraient.»

Pas plus de 20%

En août dernier, le gouvernement fédéral a décidé d'encadrer davantage la pratique de location d'avions avec équipage. Dorénavant, le nombre d'avions loués avec équipage ne pourra pas excéder 20% de la flotte du transporteur.

«Ça confirme ce que nous avons fait dans le passé, affirme le président de Sunwing Airlines, Mark Williams. Nous n'avons jamais été au-delà de 20%.»

Il indique que Sunwing a demandé la permission de louer 6 appareils avec équipage cette année, sur une flotte qui devrait atteindre 32 ou 33 appareils cet hiver.

L'entreprise devrait avoir 210 pilotes canadiens et 40 pilotes saisonniers, provenant de l'étranger.

Pour permettre le recours à des travailleurs étrangers temporaires, Emploi Canada doit d'abord vérifier si le marché canadien peut fournir les pilotes désirés. Dans le passé, cet examen était plutôt sommaire, soutient M. Blandford.

Par exemple, un transporteur pouvait placer une annonce dans le journal pour indiquer qu'il voulait embaucher d'ici deux semaines 150 pilotes certifiés pour piloter des Boeing 737. Or, ce sont normalement les sociétés aériennes qui défraient les coûts de formation pour obtenir une certification spécifique. Il peut y avoir de nombreux pilotes compétents sur le marché, mais ils n'ont pas nécessairement la certification précise requise.

Resserrement

«Lorsque le transporteur ne trouvait pas les fameux 150 pilotes en deux semaines, il pouvait alors dire: «Voyez, je vous l'avais dit qu'il n'y avait pas de pilotes disponibles!»», lance M. Blandford.

En avril dernier, le gouvernement fédéral a annoncé un resserrement de cet examen.

«Ce n'est pas encore certain que ce soit suffisant, commente Patrice Roy, président du syndicat des pilotes d'Air Transat. Nous verrons cela cet hiver.»

Selon lui, il y a suffisamment de pilotes canadiens disponibles. Il estime que plusieurs sont prêts à quitter un emploi permanent dans une petite entreprise pour tenter leur chance chez un grand transporteur, même si c'est un emploi saisonnier.

«Quand j'étais jeune pilote, est-ce que j'aurais laissé mon emploi - piloter un petit avion de 10 passagers sur la Côte-Nord - pour piloter un gros jet? lance-t-il. Absolument. Et tous mes confrères seraient aussi partis dans le temps de le dire.»