Le principal ennemi des pilotes, c'est la fatigue.

«C'est quelque chose qui doit changer, lance Craig Blandford, président de l'Association des pilotes d'Air Canada (APAC). Dans le reste du monde, on a adapté les horaires de vol selon les données scientifiques sur les cycles circadiens, mais au Canada, on n'a pas fait d'ajustement à la législation depuis longtemps.»

Les pilotes peuvent avoir des journées de 12 à 14 heures et travailler de 16 à 17 jours par mois.

Ce n'est pas un problème si un pilote en disponibilité se fait appeler à 8h du matin pour entamer un quart de travail de 14h. Mais s'il se fait appeler à 20h, il risque de manquer de sommeil.

«Sa journée de travail devrait être plus courte», précise M. Blandford.

Patrice Roy, président du syndicat des pilotes d'Air Transat, affirme que les logiciels utilisés au Canada pour établir les horaires ne tiennent pas suffisamment compte du décalage horaire ou de la différence entre les divers moments de la journée.

«Les programmes suivent les lois, mais ils assument qu'on entre dans la chambre d'hôtel et qu'on dort deux minutes plus tard, explique-t-il. C'est faux. Une personne doit décompresser avant de dormir.»

Résultat, la fatigue s'accumule, même si, sur papier, l'horaire respecte les heures réglementaires de repos entre les vols.

«Nous étions bien partis pour implanter des changements chez Transat, mais la compagnie a commencé à perdre de l'argent et ç'a retardé le tout», déplore-t-il.

Chez Air Canada, les pilotes ont négocié des règles un peu plus sévères que ce que prévoit la législation, mais cela coûte évidemment un peu plus cher à la compagnie. Or, l'environnement est très compétitif.

«Mais pour nous, c'est très important», affirme M. Blandford.