Les coupes budgétaires aux États-Unis ainsi que la paralysie de son administration gouvernementale obligent Héroux-Devtek (T.HRX) à revoir à la baisse ses objectifs de ventes pour l'exercice financier qui se termine le 31 mars 2014.

Le président et chef de la direction du fabricant canadien de produits d'aéronautique, Gilles Labbé, est même allé plus loin, vendredi, lors d'une conférence téléphonique concernant les résultats trimestriels de l'entreprise.

«La réduction des dépenses militaires ainsi que la paralysie gouvernementale pourraient même influencer négativement nos ventes après l'exercice financier 2014», a-t-il dit.

Cette situation avait incité Héroux-Devtek, en début de semaine, à mettre à pied une quarantaine d'employés, de façon temporaire, à son usine de Longueuil, où travaillent quelque 350 personnes.

«Dans ces circonstances, nous devions réduire notre effectif, a observé M. Labbé. Nous n'avions pas le choix.»

Il a rappelé qu'Héroux-Devtek a déjà connu des ralentissements de la sorte dans le passé, mais que cette fois-ci, la situation est bien différente aux États-Unis.

«C'est la première fois en 30 ans que j'entends parler de ça (la paralysie), a dit le PDG de l'entreprise. Des fois, la demande baisse et ça se corrige rapidement. Toutefois, nos clients nous ont prévenus que cette fois-ci, ça devrait se poursuivre pour encore trois ou quatre mois.»

Questionné par les analystes, M. Labbé n'a pas indiqué si Héroux-Devtek pourrait procéder à d'autres mises à pied dans un avenir rapproché.

Le bénéfice net de l'entreprise pour le deuxième trimestre s'est chiffré à 2,58 millions de dollars, ou huit cents par action, comparativement à 112 millions de dollars, ou 3,64 $ par action, à la même période l'année dernière.

Ce recul de 97,7% s'explique cependant par un gain net de 111,2 millions de dollars enregistré l'année dernière à suite de la vente d'actifs aux États-Unis. En tenant compte des activités poursuivies, le bénéfice net a reculé de 2,30%, passant de 2,64 millions de dollars à 2,58 millions de dollars.

Les revenus de Héroux-Devtek étaient également en déclin à 56,4 millions de dollars, comparativement à 57,7 millions de dollars à la période correspondante de l'année dernière.

Les ventes du secteur de l'aéronautique militaire ont cédé 10,6% pour s'établir à 29,4 millions de dollars à la suite d'un recul de la demande dans le cadre de certains programmes, principalement ceux du B-2, du Global Hawk, du F-15 et du C-17.

Les ventes ont toutefois progressé de 8,8% dans le secteur de l'aéronautique commerciale, pour atteindre 27 millions de dollars, même si elles ont reculé sur le marché secondaire en raison du programme du CL-415 de Bombardier.

L'obtention d'un nouveau mandat auprès de Boeing pour la production des systèmes de trains d'atterrissage pour les appareils 777 et 777X explique en grande partie ces résultats.

Si une entente ferme est signée, Héroux-Devtek deviendrait l'unique fournisseur des trains d'atterrissage de ces deux modèles Boeing en plus d'être responsable de la fabrication de pièces de rechange vendues par cette entreprise.

Les premières livraisons devraient avoir lieu en 2017 et le contrat pourrait être prolongé jusqu'en 2028.

«Cette réalisation devrait nous permettre d'intensifier notre place au sein de la chaîne d'approvisionnement mondiale, puisqu'elle procure des assises solides sur lesquelles s'appuyer pour soutenir la croissance à long terme», a souligné M. Labbé.

Le PDG d'Héroux-Devtek n'a cependant pas voulu s'attarder sur les impacts de ce mandat sur les activités de l'entreprise puisqu'une entente finale n'a pas encore été signée.

M. Labbé espère cependant que le tout se fera avant la fin de l'année 2013.

La paralysie du gouvernement américain a également affecté le carnet de commandes de l'entreprise, qui s'élève à 347 millions de dollars, contre 361 millions de dollars au début de l'exercice.

L'action d'Héroux-Devtek a progressé vendredi de 23 cents à la Bourse de Toronto, pour clôturer à 9,10 $.