Bombardier considère qu'elle a pris tellement d'avance dans le domaine de l'aviation d'affaires que ses compétiteurs se retrouvent maintenant en mode rattrapage.

«C'est à eux de voir comment ils vont adapter leur stratégie, maintenant que Bombardier a fait tellement de beaux investissements et a étendu son portefeuille, a déclaré Jean-Christophe Gallagher, vice-président au marketing chez Bombardier Avions d'affaires, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. C'est à eux de voir comment ils vont rester compétitifs dans le futur.»

Demain matin, le plus grand événement du monde de l'aviation d'affaires, le congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA), s'ouvrira à Las Vegas. On attend plus de 1100 exposants et 25 000 visiteurs.

Les grands manufacturiers d'avions d'affaires n'attendront pas. Dès ce matin, ils organiseront une série de conférences de presse pour annoncer de nouveaux produits et faire le point sur leurs différents programmes.

Les commentaires de M. Gallagher laissent croire que Bombardier ne procédera pas au lancement de nouveaux appareils.

«Au cours des dernières années, Bombardier a annoncé beaucoup de nouveaux produits: les appareils Learjet 70, 75 et 85, les appareils Global 7000 et 8000 et, récemment, le Challenger 350, a-t-il énuméré. Je m'attends à ce que mes compétiteurs soient en mode rattrapage.»

L'avionneur européen Dassault Falcon a déjà annoncé son intention de lancer un appareil dans la catégorie «moyen supérieur», qui entrerait en compétition avec les Challenger 300 et 350 de Bombardier.

Le nouvel appareil de Dassault aura un intéressant contenu québécois: c'est Héroux-Devtek, établie à Longueuil, qui fabriquera son train d'atterrissage.

Un des compétiteurs de Bombardier, Hawker Beechcraft, est tombé au combat. L'entreprise de Wichita a dû se placer sous la protection de la loi américaine sur les faillites et a abandonné sa division de biréacteurs d'affaires, Hawker, pour se concentrer sur sa division d'appareils turbopropulsés, Beechcraft.

«Les dernières années ont été difficiles pour l'industrie des avions d'affaires, a rappelé M. Gallagher. Depuis 2008, les gens ont moins volé, il y a eu un ralentissement dans l'industrie.»

Il a fait valoir que pendant cette période, Bombardier avait consolidé sa position et avait été chercher 50% des commandes dans les catégories d'avions où elle était présente.

«Ça a mis de la pression sur certains de nos compétiteurs et Hawker n'a pas survécu», a commenté M. Gallagher.

Nouveau biréacteur

Il y a cependant un nouvel acteur qui profitera du congrès du NBAA pour se lancer dans le domaine des biréacteurs d'affaires. L'avionneur suisse Pilatus, qui construit un appareil turbopropulsé particulièrement populaire, le PC-12, exposera un nouveau biréacteur, le PC-24.

Chez Bombardier, on ne s'inquiète pas.

«Il ne compétitionne pas avec nos produits, c'est un appareil plus petit que ce que nous offrons, avec des capacités moindres, a expliqué M. Gallagher. Mais j'ai beaucoup de respect pour Pilatus et je pense que Cessna devra se repositionner par rapport à eux parce qu'elle a des produits dans cette catégorie.»

D'autres entreprises québécoises participeront au salon du NBAA, comme Pratt&Whitney Canada, Héroux-Devtek, Bell Helicopter et CAE, une société montréalaise qui fabrique des simulateurs de vol et offre de la formation aux pilotes.

«L'aviation d'affaires est un domaine où CAE joue un rôle depuis quelques années seulement, a indiqué la vice-présidente aux communications d'entreprise de CAE, Nathalie Bourque, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Mais déjà, nous avons grimpé au deuxième rang [de l'industrie des services de formation]. Nous sommes très fiers de cela.»