Le nouveau plan de départs volontaires au sien d'Air France concernera 1826 postes au sol dont 582 affectés au hub de Paris-Charles de Gaulle et 591 dans ses escales de province, a annoncé vendredi la compagnie à l'issue d'un Comité centre d'entreprise.

Direction et représentants du personnel d'Air France étaient réunis pour examiner ces nouvelles suppressions sur les quelque 2800 additionnels prévus dans le cadre de Transform 2015, vaste plan destiné à redresser le groupe franco-néerlandais Air France-KLM à l'horizon 2015.

«Certaines de ces mesures donneront lieu à des négociations avec les partenaires sociaux. Ces négociations devront aboutir avant la fin de l'année, afin que les plans d'actions puissent être mis en oeuvre dès le début de l'année 2014», a prévenu la compagnie.

S'agissant de ses personnels navigants, elle chiffre le sureffectif à 350 pour les pilotes (équivalents temps plein) et à 700 hôtesses et stewards. Les mesures de traitement de ce sureffectif «seront présentées ultérieurement».

Le PDG de la compagnie aérienne, Frédéric Gagey, a en outre évalué à 150 millions d'euros les gains en année pleine de ces 1800 suppressions de poste. Il escompte à 60 millions d'euros le gain d'une meilleure organisation des services et du travail en fonction du caractère saisonnier de l'activité, notamment dans les trois bases de province, Nice, Marseille et Toulouse, a indiqué de son côté le représentant CFDT, Michel Salomon.

«Transform 2015 fonctionne et nos premiers efforts commencent à payer. Il faut les poursuivre et les amplifier», a estimé le PDG. «Avec ce nouveau plan de départs volontaires pour les personnels au sol, nous souhaitons aussi concentrer notre attention sur l'accompagnement des salariés dans ces différents changements», a-t-il ajouté.

Le groupe a notamment proposé la création d'une mesure d'aide à la reconversion professionnelle et la prise en charge des différentiels salariaux.

Les syndicats ont déploré ces nouvelles coupes, après les 5122 déjà décidés en 2012. La CGT a dénoncé «un dépeçage» de la compagnie et juge qu'avec le projet de la direction «les bases de province sont définitivement terminées».

Selon Didier Fauverte (CGT), l'activité dans les escales de province ne pourra plus être assurée.

David Ricatte (CGT) a, de son côté, évoqué «une spirale de l'austérité» et accusé le gouvernement d'«encourager le virage low cost en aidant financièrement Air France à mettre en place son plan de dépeçage de l'entreprise».

S'opposer à ce plan relève de la «légitime défense», a même estimé la CGT.

La CFDT a, pour sa part, décidé de demander une expertise sur les raisons objectives de suppressions de postes, escale par escale, tandis que SUD Aérien accuse la direction de «financer la croissance sur le dos des salariés».

Le SNPL Air France Alpa, syndicat majoritaire de pilotes, estime quant à lui que l'État «doit impérativement accompagner les efforts de restructuration des salariés de l'aérien en mettant notamment un terme à la distorsion de concurrence qui existe en France aujourd'hui».

L'Unsa-Aérien, qui se présente comme le deuxième syndicat de l'entreprise, a réclamé «une mobilisation des pouvoirs publics face au premier ennemi de la compagnie, les concurrences déloyales et les taxes auxquelles sont assujetties les compagnies régulières».

«Un contexte de stagnation voire de récession»

La direction estime que 71% des projets du plan de restructuration Transform 2015 sont engagés et commencent à porter leurs fruits mais ils restent, selon elle, insuffisants pour que l'exercice soit positif.

Dans un document sur la restructuration, elle avait souligné un «contexte économique de stagnation voire de récession sur la France et une partie des pays européens» qui pèse durablement sur la demande.

Elle désigne également le renforcement de la concurrence du TGV et des compagnies à bas coûts, avec la perspective du développement du TGV sur la Bretagne et le sud-ouest. Dans le même temps, les compagnies low cost, à l'instar d'EasyJet, ne séduisent plus seulement la clientèle loisirs mais aussi, de plus en plus, la clientèle affaires.

La restructuration intervient dans le cadre du plan Transform 2015, lancé en janvier 2012, destiné à économiser deux milliards d'euros en trois ans dans le groupe Air France-KLM et à ramener la dette à 4,5 milliards fin 2014 contre 6,5 milliards en janvier 2012.

Grâce à cette restructuration, Air France-KLM, 4e mondial en chiffre d'affaires, a divisé par cinq sa perte nette, à moins 163 millions d'euros d'avril à juin.