Les transporteurs aériens vont se retrouver devant un «ensemble cauchemardesque de mesures disparates» pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre si les pays membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) ne parviennent pas à s'entendre sur un régime unique.

C'est la mise en garde qu'a lancée hier le directeur général et chef de la direction de l'Association du transport aérien international (IATA), Tony Tyler, à la veille de l'ouverture officielle de la 38e session de l'assemblée de l'OACI à Montréal.

Cette assemblée doit notamment se pencher sur le rôle du transport aérien dans la lutte contre les changements climatiques. L'industrie et les gouvernements veulent stabiliser les émissions du secteur du transport aérien d'ici 2020. Les intervenants s'entendent sur un certain nombre de piliers pour y arriver, soit des améliorations technologiques, des infrastructures plus efficaces et de meilleures méthodes d'exploitation.

Ils considèrent qu'il faudrait également mettre en place un régime de «mesures fondées sur le marché", comme un système d'échange de quotas.

Il n'y a toutefois pas de consensus sur la forme que pourrait prendre un tel régime.

«L'assemblée ne se rencontre que tous les trois ans, a rappelé M. Tyler. La prochaine session aura lieu en 2016. Il n'y aura plus que quatre ans avant 2020. Ça risque d'être trop court pour mettre un régime unique en place.»

Il a dit craindre la mise en place d'une variété de régimes régionaux, qui pourraient entraîner une double taxation des émissions. Il a également dit craindre que l'Europe décide d'appliquer une taxe sur tous les vols en provenance ou à destination d'Europe, que les transporteurs soient européens ou non.

Il a rappelé que la communauté européenne avait essayé de mettre en place un tel système, à partir de janvier 2012, avant de mettre le projet en veilleuse devant le tollé général hors Europe. La taxe devait s'appliquer sur l'ensemble des vols, et pas seulement sur la portion au-dessus de l'Europe, ce qui soulevait une question d'extra-territorialité.

«Nous avons frisé la guerre commerciale», a lancé M. Tyler.

Il a déclaré que l'Europe avait joué un rôle utile en mettant ce dossier au premier plan. «Toutefois, l'acrimonie que son système a créée dans le monde pourrait rendre difficile la mise en place d'une approche globale», a-t-il ajouté.

Par ailleurs, l'IATA a revu à la baisse ses prévisions mondiales sur l'industrie du transport aérien. L'Association prévoyait auparavant des profits de 12,7 milliards US pour 2013 pour l'ensemble de l'industrie mondiale. Elle s'attend maintenant des profits de 11,7 milliards US.

Toutefois, l'IATA a revu à la hausse ses prévisions pour les transporteurs de l'Amérique du Nord. Ils devraient enregistrer des profits de 4,9 milliards US, soit plus du double des profits de 2012. L'Association prévoyait auparavant des profits de 4,4 milliards US.