Bombardier (T.BBD.B) semble avoir les yeux rivés sur la Russie. L'entreprise a annoncé mercredi la signature de trois ententes préliminaires, qui pourraient notamment se traduire par la mise en place d'une chaîne d'assemblage de 100 appareils Q400 NextGen, dont la valeur est estimée à 3,4 milliards de dollars américains.

L'entreprise établie à Montréal a indiqué qu'elle travaillerait avec la société d'État Rostekhnologii (Rostec) pour la mise en place de cette chaîne d'assemblage en Russie, qui serait complémentaire aux activités de production d'avions Q400 NextGen existantes à Toronto.

Les détails entourant cette transaction devraient être finalisés en 2014.

En marge du Salon international de l'aviation et de l'espace de Moscou, Ilyushin Finance (IFC) a également signé une lettre d'intention pour acquérir 50 appareils Q400 NextGen.

Un partenariat avec Rostec et sa filiale de location-exploitation d'avions, Avia Capital Services, devrait aussi placer au moins 50 autres avions Q400 dans la région «L'établissement de racines locales sur des marchés est au centre de la stratégie de Bombardier et, à ce titre, nous avons identifié la Russie comme une région clé de notre croissance et de notre rentabilité future», a expliqué Mike Arcamone, président de Bombardier Avions commerciaux «Les ententes constituent la prochaine étape vers le renforcement de notre position concurrentielle en Russie et aideront à assurer les efforts actuels de Rostec en vue de l'établissement d'un centre d'excellence de l'aviation», a-t-il ajouté.

De son côté, Alexey Fedorov, directeur général des projets du secteur de l'aviation chez Rostec, a souligné que ces ententes vont notamment améliorer la sécurité en vol en plus de contribuer à la réduction des tarifs des vols régionaux.

«Nous amorçons une importante phase de validation visant à officialiser la création de cette coentreprise, laquelle établira les bases requises afin d'assurer le futur des biturbopropulseurs au sein de l'aviation russe», a-t-il dit.

«L'efficacité énergétique et les coûts opérationnels optimaux du Q400, l'interchangeabilité qu'il permet avec le service par avion à réaction, son confort et ses qualités environnementales en font un choix idéal pour les opérations aériennes sur le territoire de la Russie», a-t-il ajouté.

Bombardier a également fait part de son intention d'entreprendre des pourparlers préliminaires avec l'avionneur russe Irkut à propos d'une éventuelle collaboration pour la prestation de services de soutien à la clientèle.

Les pourparlers concernent l'appareil MS-21 d'Irkut, un avion de ligne commercial capable d'accueillir de 150 à 212 passagers. Actuellement en développement, il devrait entrer en service en 2017.

Les analystes ont semblé bien accueillir les annonces de Bombardier, notamment en ce qui a trait aux commandes potentielles de Q400, d'après les rapports qu'ils ont diffusés.

Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, a estimé que Bombardier semblait en mesure d'occuper une position de choix dans le marché russe.

«Même si le biturbopropulseur d'ATR est viable pour le marché russe, avec un prix de 19 millions $, comparativement à 34 millions pour le Q400, son autonomie de 1600 km est moindre que celle du Q400, qui peut atteindre 2500 km», souligne-t-il.

«Avec le potentiel d'une chaîne d'assemblage finale d'avion dans la région, nous voyons (le Q400 de) Bombardier devenir un meneur dans le secteur des avions biturbopropulseurs en Russie», ajoute M. Spracklin.

De son côté, Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a souligné que le carnet de commandes du Q400 devrait être bien garni pour les quatre prochaines années grâce à ces nouvelles commandes potentielles.

Dans une note, il rappelle que la «Q Series» était le seul secteur où «Bombardier avait un carnet de commandes en deçà de son objectif de 18 à 21 mois».

Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a quant à lui indiqué que les ventes du Q400, qui n'ont pas été à la hauteur des attentes récemment, devraient reprendre de la vigueur.

«Bombardier a ciblé depuis un certain temps le marché russe pour son (appareil) Q400, rappelle-t-il. La presse russe avait déjà évoqué la possibilité d'ententes. Ces annonces ne représentent donc pas une surprise majeure.»

Plus de 120 avions commerciaux de Bombardier sont actuellement en service en Russie ainsi que dans la Communauté des États indépendants. D'ici 20 ans, la société montréalaise prévoit une demande du marché d'environ 400 appareils de 20 à 99 places dans cette région.

Le biturbopropulseur de ligne Q400 NextGen est le successeur des avions Dash 8/Série Q de Bombardier.

Ces ententes préliminaires ont influencer positivement le titre de Bombardier à la Bourse de Toronto. En fin de journée, mercredi, son action a avancé de 12 cents, pour clôturer à 4,69 $.