Via Rail et le syndicat représentant certains de ses employés continuaient de négocier dans un hôtel de Montréal, jeudi soir, dans l'espoir de conclure une entente avant l'échéance fixée par la partie syndicale.

Une porte-parole de Via Rail, Mylène Bélanger, a dit garder espoir et fait savoir que l'entreprise était prête à négocier jusqu'à l'arrivée de cette échéance.

Plus tôt dans la journée, les Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), qui représentent les travailleurs en question, avaient affirmé que les négociations s'étaient enlisées parce que Via Rail, selon le syndicat, avait tenté de contourner le processus de négociation en communiquant directement avec ses employés. Mais en soirée, le syndicat a confirmé la reprise des négociations tout en précisant que l'écart demeurait important dans plusieurs des points en litige.

Avant ces développements, jeudi soir, Via Rail et ses 2000 syndiqués chargés de l'entretien, de la vente des billets et les agents de bord se trouvaient sur la voie de l'affrontement, au point où tout laissait croire qu'une grève serait déclenchée dès minuit une minute, dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le transporteur ferroviaire a déposé mercredi soir une offre globale touchant notamment la rémunération, le régime de retraite et autres clauses normatives qui a été rejetée par les TCA.

L'offre de Via Rail comprenait alors des augmentations salariales de 6 pour cent sur trois ans mais aussi une augmentation importante des contributions des employés au régime de retraite et un nouveau régime moins généreux aux nouveaux employés.

«Selon nous, on ne demande pas de concessions majeures aux employés à temps plein actuellement, avait affirmé, jeudi, la porte-parole de Via Rail, Mylène Bélanger. Il est important de comprendre que le déficit de solvabilité du régime de retraite est présentement à 419 millions $ et on demande aux employés d'en partager le fardeau avec nous.»

Via Rail assume présentement 65 pour cent des coûts du régime, contre 35 pour cent pour les employés, et souhaite ramener ce ratio à 50-50, d'où les augmentations de cotisations réclamées aux syndiqués.

Le syndicat reproche à l'employeur d'avoir fait «dérailler» les pourparlers, selon son expression, soutenant que les demandes de concessions deviennent de plus en plus importantes à mesure que la date butoir pour le déclenchement d'une grève approche.

Malgré les augmentations de salaire, les TCA affirment que prises globalement, les propositions se traduiront par une baisse du revenu net des syndiqués en raison de la ponction accrue pour le régime de retraite. Via conteste toutefois cette évaluation, soutenant que l'augmentation salariale dépasse celle de la cotisation au régime.

Le représentant des TCA, Patrick Murray, a par ailleurs reproché à la partie patronale de faire la sourde oreille. Selon lui, les parties ont discuté en face à face durant au plus deux heures au cours des cinq derniers jours.

«L'employeur n'a rien fait à la table de négociation qui suggérerait qu'il veut avoir un contrat, a déploré M. Murray. C'est extrêmement frustrant pour le syndicat. Le message que la compagnie nous donne c'est qu'elle ne veut pas de contrat et qu'elle préfère une grève.»

Via Rail rejette cette prétention.

«Nous sommes en processus de médiation, ça tient toujours et nous sommes encore ouverts à négocier. Nous sommes confiants», a indiqué Mme Bélanger.

Malgré tout, les syndiqués se préparaient à ériger des piquets de grève aux gares et centres d'entretien de Via Rail à travers le pays.

Le transporteur, lui, soutient que ses cadres seront en mesure d'offrir ce qu'il appelle «un service de transport ferroviaire de base» advenant un arrêt de travail. Ce service de base prévoit que toutes les liaisons seront assurées mais le nombre de départs sera réduit. De plus, les services de restauration et les wagons-lits ne seront pas disponibles et tous les voyageurs devront se satisfaire de la classe «économie».