Boeing a obtenu vendredi le feu vert des autorités américaines de l'aviation aux modifications proposées sur la batterie lithium-ion du 787, ce qui ouvre la voie à une reprise rapide des vols de son dernier-né.

La FAA, l'autorité fédérale de l'aviation, indique dans un communiqué avoir «pris une nouvelle mesure permettant au Boeing 787 de reprendre les vols en approuvant les modifications de la conception du système de batterie du 787 proposées» par le constructeur.

«Les changements sont destinés à faire face aux risques (de surchauffe ou d'incendie) au niveau d'une cellule de la batterie, de la batterie et de l'avion», précise la FAA.

Les 50 exemplaires déjà livrés dans le monde du 787, dit «Dreamliner», sont cloués au sol depuis le 17 janvier après deux graves problèmes de batterie lithium-ion dont l'origine demeure inconnue: un incendie le 7 janvier à Boston et une surchauffe incontrôlable ayant entraîné un atterrissage d'urgence au Japon le 16 janvier.

Une équipe «de spécialistes de certification de la FAA a observé les tests rigoureux que nous avons exigés de Boeing» depuis mars «et a passé des semaines» à analyser les changements proposés par le constructeur pour sa batterie, commente l'administrateur de la FAA, Michael Huerta, cité dans le communiqué.

Boeing a décidé de modifier la conception de la batterie, fabriquée par le japonais GS Yuasa et assemblée par le français Thales, pour éviter la contagion d'une éventuelle surchauffe ou d'un court-circuit d'un élément à l'autre, ainsi que les paramètres du chargeur. Le constructeur a aussi amélioré le confinement de l'ensemble pour garantir l'absence de départ de feu.

Ces changements «vont assurer la sûreté de l'avion et de ses passagers», a commenté le ministre des Transports américain Ray LaHood.

Vers une reprise des livraisons

«L'approbation de la FAA nous permet, ainsi qu'aux compagnies aériennes, d'entamer le processus pour refaire voler le 787 en toute confiance», s'est félicité le PDG de Boeing, Jim McNerney, dans un communiqué distinct.

L'autorisation de reprise de vol du 787 aux États unis est désormais acquise avec seulement des formalités restantes: Boeing doit soumettre un «bulletin de service» qui détaille techniquement les changements à apporter à chaque 787.

La FAA doit ensuite en faire une directive obligatoire qui mettra fin à l'interdiction de vol. Chaque 787 pourra ensuite reprendre du service quand les modifications seront effectuées et une fois l'accord des autorités locales obtenu hors États-Unis.

«La semaine prochaine, la FAA va donner des instructions aux compagnies (aériennes) pour qu'elles effectuent des modifications sur leurs avions et elle publiera au registre fédéral la directive finale qui autorisera le 787 à reprendre le service», explique l'autorité aérienne.

La décision de vendredi va également permettre à Boeing de reprendre les livraisons de ses 787, qu'il envisage «dans les prochaines semaines».

Le constructeur n'a pas chiffré les conséquences financières que va engendrer au final pour lui l'interdiction de vol pendant trois mois de son long-courrier, mais affirme qu'elles ne seront pas significatives. Il devrait donner des détails lors de la publication de ses résultats mercredi.

«Cela devrait coûter un milliard ou deux» pour un coût total «d'une vingtaine de milliards de dollars pour le programme», remarque Richard Aboulafia, analyste du cabinet spécialisé Teal Group, ajoutant que la naissance du 787 «a été un processus long et douloureux».

La première livraison de l'avion a eu lieu avec trois ans et demi de retard à cause de nombreux problèmes de développement pour cet appareil innovant.