Boeing a effectué lundi un vol d'essai avec un de ses 787 «Dreamliner», le premier depuis que les autorités américaines ont autorisé le groupe aéronautique à tester sa solution aux problèmes de batterie qui clouent l'appareil au sol depuis mi-janvier.

L'appareil, un avion de ligne fabriqué pour la compagnie aérienne polonaise LOT, a décollé à 2 h de l'aéroport de Paine Field à Everett, dans l'État de Washington (nord-ouest des États-Unis), où il est revenu se poser deux heures plus tard.

L'équipage de six personnes (deux pilotes, deux ingénieurs, un opérateur de système et un analyste de vol) «rapporte que le vol s'est déroulé comme prévu», a indiqué Boeing dans un communiqué diffusé peu après l'atterrissage.

Le groupe dit désormais vouloir «commencer les préparatifs pour les démonstrations de certification au sol et en vol (qui auront lieu) dans les prochains jours» et sont censées prouver que la solution proposée par le groupe pour résoudre les problèmes de batterie de l'appareil est efficace.

Les 50 exemplaires du long-courrier déjà livrés par Boeing à des compagnies aériennes sont tous interdits de vols commerciaux depuis mi-janvier et le retrait par les autorités de la certification de l'avion, dernier-né du groupe, suite à deux incidents impliquant ses batteries lithium-ion.

Un départ de feu avait eu lieu le 7 janvier à l'aéroport de Boston (Massachusetts, nord-est des États-Unis) sur un 787 appartenant à Japan Airlines (JAL). Un autre, opéré par All Nippon Airways (ANA), avait à son tour dû faire un atterrissage d'urgence au Japon le 16 janvier.

Des enquêteurs dans les deux pays tentent toujours de déterminer les causes de ces problèmes. L'agence fédérale de sécurité des transports NTSB, qui gère le volet américain de l'enquête, a ainsi précisé lundi qu'elle organiserait les 11 et 12 avril une audition sur les batteries lithium-ion.

Boeing discret sur les répercussions financières

Boeing n'a toutefois pas attendu les conclusions des enquêtes pour proposer une solution censée permettre de redémarrer les vols commerciaux du 787. Une autre agence américaine, celle de régulation du secteur aérien (FAA), l'avait autorisé le 13 mars à tester cette solution en conditions réelles, en permettant notamment des vols d'essai avec deux appareils.

Boeing avait déjà réalisé quelques vols d'essai du 787 en février, pour enregistrer des données afin d'alimenter les enquêtes, mais le vol de lundi est le premier depuis qu'il pense avoir trouvé une solution.

Durant ce vol, l'équipage a sorti et rentré le train d'atterrissage, utilisé tous les systèmes de secours, et fait des vérifications sur le système électrique, a détaillé le groupe, qui précise avoir fait plus de 600 vols de vérification de ce type sur ses divers avions commerciaux l'an dernier.

Il va maintenant analyser les données collectées. La prochaine étape sera un vol destiné plus spécifiquement à la recertification du 787. Il sera réalisé avec le même appareil que le vol de lundi, et «démontrera que le nouveau système de batterie se comporte comme prévu en conditions de vol», affirme Boeing.

Le groupe est resté jusqu'ici très discret sur les répercussions financières des malheurs du 787, dont il a suspendu les livraisons mais dont il a maintenu le rythme de production. Les compagnies aériennes, en particulier les Japonaises qui détiennent le gros de la flotte, ont en revanche annulé des centaines de vols jusqu'à fin mai et commencent à chiffrer leur manque à gagner: JAL l'a estimé la semaine dernière à 3,4 milliards de yens, près de 28 millions d'euros.

Le directeur de la branche d'aviation civile du groupe, Ray Conner, avait affirmé aux journalistes le 15 mars à Tokyo que «la reprise des vols commerciaux (était) sans doute plus une question de semaines que de mois», ce qui lui avait toutefois valu un rappel à l'ordre de la NTSB, mécontente de ne pas avoir été informée à l'avance du contenu de la conférence de presse.