Les gouvernements du monde entier vont tuer la poule aux oeufs d'or s'ils continuent à multiplier les taxes et frais divers sur le transport aérien.

C'est ce qu'a déclaré le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme, Taleb Rifai, en marge de l'ouverture de la sixième Conférence mondiale du transport aérien de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), hier à Montréal.

La prolifération des taxes et redevances est un des thèmes majeurs de cette conférence. Dans les cas extrêmes, les taxes, redevances et suppléments peuvent représenter 90% du tarif payé par le voyageur. Au Canada, ces frais divers peuvent représenter 35% du tarif d'un vol aller-retour Montréal-Toronto et 41% du tarif d'un vol Montréal-Londres.

Selon M. Rifai, il s'agit d'un comportement destructeur de la part des gouvernements. «Ils essaient de résoudre un problème immédiat en étranglant une industrie qui peut créer un grand nombre d'emplois», a-t-il déclaré.

Il a ajouté que ces mesures allaient à l'encontre des politiques visant à libéraliser le commerce international. «Un grand nombre de pays pensent que l'aviation est une cible facile pour la taxation», a déploré à son tour le secrétaire général de l'OACI, Raymond Benjamin.

M. Benjamin a insisté sur la faible profitabilité des transporteurs aériens, situation qui est insoutenable à long terme, à son avis. En 2012, les sociétés aériennes ont enregistré des revenus globaux de 636 milliards US. Les profits n'ont atteint que 4,1 milliards US, soit une maigre marge de 0,6%. Par comparaison, le Banque de Chine a enregistré des profits de 5,6 milliards US en un seul trimestre l'année dernière.

La Conférence mondiale du transport aérien de l'OACI n'a lieu que tous les 10 ans. Pour cette raison, il faut que les participants se montrent proactifs et discutent des grands enjeux des 10 prochaines années, a déclaré le président de la conférence, Messaoud Benchemam, directeur de l'Aviation civile d'Algérie.

La taille du réseau international du transport aérien a doublé tous les 15 ans depuis 1977 et devrait doubler encore d'ici 2030. Les sociétés aériennes devraient donc transporter annuellement 6 milliards de passagers d'ici 2030, à bord de 60 millions de vols.

Les 1500 participants à la conférence, provenant de 168 pays et de plus d'une trentaine d'organisations internationales, discuteront donc de taxation et de la viabilité économique de l'industrie, mais aussi des droits des passagers, de l'environnement, de la sécurité aérienne, de l'harmonisation du système mondial de navigation, des conditions de concurrence et du financement des infrastructures que nécessiteront tous ces nouveaux passagers.

Les discussions dureront cinq jours et se concluront vendredi par un rapport final.

«Pour moi, c'est un test, a déclaré M. Benjamin à La Presse Affaires. À la fin de ces cinq jours, en fonction de ce qu'ils vont décider, j'investirai des ressources pour travailler dans ce domaine économique. Si j'ai l'impression que ce sont des recommandations molles, des voeux pieux, je n'investirai pas d'argent.»

La conférence précédente, en 2003, avait donné lieu à 300 recommandations.

«Nous n'avons pas besoin de 300 recommandations, a affirmé M. Benjamin. Il va falloir les cibler. Je les présenterai au conseil et, à partir de là, j'irai avec un mandat à l'assemblée, à la fin de septembre.»