Le grand patron de Transat (T.TRZ.B), Jean-Marc Eustache, commence à craindre un peu plus le nouveau transporteur à rabais d'Air Canada (T.AC.B), Rouge.

Cet été, Rouge reliera Montréal à Athènes ainsi que Toronto à Athènes, Venise et Édimbourg. L'hiver prochain, Rouge offrira des vols entre Toronto et dix destinations soleil.

Lorsqu'il s'était exprimé pour la première fois sur le sujet, en décembre, M. Eustache avait estimé que Rouge n'aurait pas d'impact significatif sur Transat, qui est spécialisé dans les voyages de vacances.

Or, le plus important transporteur canadien a annoncé récemment que d'ici la fin de 2015, il prévoit transférer jusqu'à 13 gros porteurs Boeing 767 à Rouge, ce qui fera de ce dernier un concurrent de taille pour Transat.

«Nous sommes très préoccupés par les 767 (de Rouge), c'est certain», a reconnu Jean-Marc Eustache avec son franc-parler habituel, jeudi, à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires.

La situation est d'autant plus préoccupante pour l'entreprise québécoise que celle-ci tente péniblement de retrouver la voie de la rentabilité après deux années de pertes. Pour y parvenir, elle a notamment obtenu des concessions de ses employés, réduit ses coûts d'exploitation et diminué sa capacité aérienne.

«Si je ne suis pas profitable (au cours du présent exercice), on va mettre dehors le président - et avec raison d'ailleurs - et on le remplacera, a lancé M. Eustache. C'est sûr qu'on sera profitable cette année à moins qu'il y ait un cataclysme que je ne peux pas prévoir.»

Transat jongle avec l'idée de ramener à l'interne l'exploitation des avions Boeing 737 actuellement sous-traitée à la firme Canjet de Halifax. À cet effet, la compagnie a soutiré de nouvelles concessions à ses employés, qui s'ajoutent à celles obtenues l'an dernier.

Une décision doit être prise dans ce dossier d'ici la fin avril. Transat n'exclut pas de renouveler le contrat de Canjet si cette dernière parvient à lui faire une offre particulièrement avantageuse.

Résultats

À son premier trimestre, qui a pris fin le 31 janvier, Transat a réduit de près de la moitié sa perte nette. Celle-ci a atteint 15,1 millions $ (39 cents par action), alors qu'elle s'était chiffrée à 29,5 millions $ (77 cents par action) pendant la même période de l'exercice précédent.

Les revenus ont reculé de 2,8 pour cent pour s'établir à 829,3 millions $.

«Les changements apportés dans l'organisation depuis 18 mois de même que notre décision stratégique de réduire légèrement notre capacité ont contribué à une amélioration de nos résultats», a affirmé Jean-Marc Eustache.

Les analystes financiers espéraient toutefois mieux, de sorte que les investisseurs ont fait chuter le cours de l'action de Transat jeudi. Le titre a perdu 8,2 pour cent pour clôturer à 5,75 $, à la Bourse de Toronto.

En novembre, Transat a vendu ses investissements dans du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), des titres de placement à court terme qui ont été frappés par une grave crise de liquidité en 2007. L'entreprise aura perdu 30 millions $ dans cette aventure, soit 22 pour cent du montant investi initialement.

Le fiasco du PCAA a forcé Transat à émettre des actions et lui a nui dans ses activités quotidiennes, a expliqué jeudi le chef de la direction financière de l'entreprise, Denis Pétrin.

«Transat aurait souhaité à certains moments peut-être accentuer la pression dans certaines batailles avec des concurrents, a-t-il dit. Il nous a été possible de faire ça.»

Pour le deuxième trimestre, actuellement en cours, Transat prévoit de meilleurs résultats que l'an dernier, alors qu'une perte nette de 13,2 millions $ avait été inscrite.

Dans le marché clé des destinations soleil au départ du Canada, la capacité de Transat est inférieure d'environ 10 pour cent à celle déployée en 2012. Les taux d'occupation sont inférieurs à ceux enregistrés à pareille date l'année dernière, mais les prix sont supérieurs.