Bombardier (T.BBD.B) s'apprête à marcher encore davantage dans les plates-bandes de Boeing et d'Airbus avec une version à haute densité de la CSeries.

L'appareil pourra transporter 160 passagers, ce qui le placera en compétition directe avec les appareils les plus populaires de Boeing et d'Airbus, le Boeing 737-800 et l'Airbus A320.

Jusqu'ici, la CSeries entrait en concurrence avec des versions un peu plus petites de ces appareils, soit les Boeing 737-600 et 737-700 et l'Airbus A319, un peu moins populaires.

Ainsi, Airbus a reçu jusqu'ici 6071 commandes pour l'Airbus 320, contre 1526 pour l'Airbus A319. Et Boeing a enregistré 4144 commandes pour le 737-800, contre 1311 commandes pour le 737-700.

Bombardier a profité du dévoilement de son premier appareil d'essai jeudi matin à Mirabel, avec fumée, jeux de lumières et effets stroboscopiques, pour annoncer son incursion dans la cour des grands.

Le directeur général de la CSeries, Robert Dewar, a expliqué que Bombardier avait décidé d'offrir une version à haute densité de la CSeries pour répondre à la demande de certains clients, essentiellement des transporteurs à bas prix.

Pour eux, l'avionneur diminuera l'écart entre les rangées dans le CS300, le plus gros membre de la famille de la CSeries, afin d'ajouter un certain nombre de rangées. M. Dewar a indiqué que Bombardier utilisera de nouveaux fauteuils, au dossier très mince, pour maximiser l'espace pour les jambes.

«Je suis un grand gars, et pourtant, je suis très confortable avec ces fauteuils», a-t-il soutenu.

Bombardier a également décidé d'allonger de 66 centimètres le fuselage du CS300 pour permettre la présence d'une paire additionnelle d'issues de secours au-dessus des ailes. Ces issues supplémentaires sont nécessaires pour accommoder le plus grand nombre de passagers.

«Avec cette option, les sociétés aériennes pourront réduire de huit pour cent leurs coûts d'exploitation», a affirmé le président de Bombardier Avions commerciaux, Mike Arcamone.

Un transporteur a déjà fait savoir qu'il optera pour une version à haute densité du CS300, airBaltic, de Lettonie.

L'été dernier, le grand patron d'AirAsia, Tony Fernandes, avait confié aux médias qu'il serait intéressé à acheter une centaine d'appareils de la CSeries s'ils étaient configurés pour transporter jusqu'à 160 passagers.

M. Dewar a indiqué jeudi que les clients qui feront l'acquisition de la version régulière du CS300, à 135 places, pourront changer d'idée dans l'avenir et faire modifier leur appareil pour accommoder 160 passagers. Il s'agira de rapprocher les fauteuils, de percer des trous dans le fuselage pour les deux nouvelles issues de secours, et le tour sera joué.

«Nos clients sont très contents, ça va leur donner de la flexibilité», a-t-il déclaré.

Bombardier a cherché à rassurer les clients et les investisseurs jeudi en montrant le degré d'avancement du programme de la CSeries.

L'avionneur a ainsi dévoilé le premier avion d'essai de la CSeries, presque entièrement terminé. Il manquait quelques pièces, comme le carénage du raccordement de l'aile, mais M. Dewar a affirmé que celui-ci sera installé cette semaine.

Dans un geste-suprise, Bombardier a fait tomber un deuxième rideau pour dévoiler un deuxième avion d'essai, lui-même en bonne voie d'être achevé, et le fuselage d'un troisième. L'avionneur utilisera cinq avions pour effectuer les tests devant mener à la certification de l'appareil.

À l'origine, le premier vol de la CSeries devait avoir lieu avant la fin de 2012, mais divers problèmes ont reporté cet événement à la fin de juin.

«Un retard de cinq à six mois, ce n'est pas un retard», a soutenu M. Arcamone.

Le Boeing 787 est entré en service trois ans plus tard que prévu. Et encore, l'appareil est maintenant cloué au sol après qu'une batterie au lithium s'est enflammée.

M. Dewar a déclaré jeudi que son équipe avait rejeté ce type de batterie pour la CSeries parce qu'elle jugeait que cette technologie n'était pas prête.

Bombardier a enregistré 180 commandes fermes auprès de 14 clients pour la CSeries. M. Arcamone s'est montré confiant d'atteindre l'objectif fixé pour l'entrée en service, soit 20 clients et 300 commandes fermes. Jusqu'ici, l'avionneur a recueilli des lettres d'entente et des options sur 202 appareils supplémentaires.