Le couperet automatique de 85 milliards US qui risque de s'abattre sur l'administration américaine le 1er mars prochain pourrait provoquer des délais importants dans les grands aéroports américains.

Dans une lettre émise la semaine dernière, le secrétaire des Transports Ray LaHood et l'administrateur de la Federal Aviation Administration (FAA) Michael Huerta ont évoqué des retards de 90 minutes à New York, Chicago et San Francisco.

L'industrie canadienne de l'aviation, qui dessert ces aéroports, suit de près la situation.

«Ça nous inquiète un peu, a indiqué le directeur du Conseil national des lignes aériennes du Canada, Marc-André O'Rourke, lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Ça nous intéresse d'être au courant de ce qui se passe.»

Dans leur lettre, MM. LaHood et Huerta ont indiqué que s'il n'y a pas d'accord à Washington pour éviter le couperet, la FAA devrait réduire ses dépenses de 600 millions US pour le reste de l'année financière 2013. L'administration considère différentes mesures, comme des journées de chômage technique pour ses 47 000 employés, l'élimination de quarts de minuit dans 60 aéroports, la fermeture de 100 tours de contrôle et la diminution des inventaires d'équipement de maintenance.

Ces mesures entraîneront des délais dans les aéroports et dans la certification de nouveaux appareils.

MM. LaHood et Huerta ont toutefois fait savoir que la FAA discutera avec les parties impliquées pour prendre les meilleures décisions possible et réduire l'impact sur les voyageurs. Ils ont cependant dit s'attendre à ce que les sociétés aériennes étudient les impacts de ces décisions et annulent un certain nombre de vols.

La porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur, a indiqué que la société essayait présentement de mieux comprendre les répercussions que le couperet aurait sur son exploitation.

«Nous définirons ensuite un plan de contingence», a-t-elle déclaré à La Presse Affaires dans un courriel.

Pas moins de 26% des vols d'Air Canada sont au départ ou à l'arrivée des États-Unis. La société dessert 55 destinations dans ce pays.

WestJet, qui dessert 24 destinations aux États-Unis, ne s'attend pas à ce que le couperet ait un impact direct sur son exploitation.

«Nous allons quand même suivre de près la situation», a fait savoir le porte-parole de WestJet, Robert Palmer, dans un courriel.

Au sud de la frontière, l'industrie est déjà beaucoup plus inquiète. La Regional Airline Association (RAA) a notamment soutenu que le couperet sera particulièrement cruel pour les 470 communautés qui sont desservies uniquement par des transporteurs régionaux.

«Le gouvernement joue un jeu irresponsable de «chicken» [jouer au premier qui se dégonfle] et ce sont les voyageurs qui sont les perdants», a soutenu le président de la RAA, Roger Cohen, par voie de communiqué.

Le président de l'Aircraft Owners and Pilots Association (Association des pilotes et des propriétaires d'avions), Craig Fuller, craint pour sa part les effets du couperet sur la sécurité de l'aviation générale.

«La FAA pourrait effectuer des compressions sélectives qui seraient moins dramatiques et moins préjudiciables», a-t-il affirmé.

Bombardier, qui devra faire certifier de nouveaux appareils aux États-Unis, suit également la situation de près.

«La situation est encore incertaine, a déclaré la porte-parole de Bombardier Aéronautique, Haley Dunne. Nous ne pouvons pas spéculer sur ses impacts potentiels pour le moment.»