Les résultats de Bombardier sont décevants, son action dégringole en bourse, l'entrée en service du Learjet 85 est reportée de six mois, mais la CSeries est sur les rails.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Banque Nationale, s'attend à ce que les investisseurs portent maintenant leur attention sur l'avenir, et notamment sur l'exercice 2014, qui devrait donner lieu à une amélioration de la marge bénéficiaire de Bombardier Aéronautique et de Bombardier Transport. Il a augmenté le prix cible du titre de Bombardier de 4,25 à 4,75 $ et a fait passer sa recommandation de l'équivalent de «conserver» à l'équivalent d'«acheter».

Les autres analystes qui suivent Bombardier n'ont pas immédiatement modifié leurs recommandations. Sur ces 25 analystes, 16 recommandent l'achat du titre, 7 recommandent de le conserver et 2 recommandent de le vendre.

Bombardier a divulgué hier des résultats inférieurs aux attentes des analystes. Les revenus n'ont atteint que 16,8 milliards US, comparativement à 18,3 milliards US pour l'exercice précédent. Le bénéfice net s'est situé à 692 millions US, soit 38 cents par action, alors qu'il avait atteint 865 millions US, soit 48 cents par action, en 2011.

Le marché n'a pas souri. L'action de catégorie B de Bombardier a perdu 39 cents pour clôturer à 3,89 $ à la Bourse de Toronto, une chute de 9,1 %.

«Nos résultats ne reflètent pas notre potentiel», a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier, Pierre Beaudoin, dans une conférence téléphonique.

Il a attribué cette situation à des problèmes dans l'exécution de certains contrats chez Bombardier Transport (notamment le train de banlieue Francilien en France) et à la suspension des projets de trains à grande vitesse en Chine. Il a affirmé que ces problèmes faisaient maintenant partie du passé.

«Les choses sont de retour à la normale en Chine et nous nous attendons à une forte croissance dans cette région en 2013», a-t-il soutenu.

Du côté de Bombardier Aéronautique, l'entreprise a fait des efforts pour se défaire de ses derniers Learjet 40 et 45, de petits avions d'affaires dont la production a été abandonnée au profit de nouveaux modèles. Les marges ont été minimales sur ces ventes.

Bombardier Aéronautique a réservé une autre mauvaise nouvelle: l'entrée en service du tout nouveau biréacteur d'affaires Learjet 85 a été reportée à la fin de juin 2014. La structure de cet appareil est fabriquée presque entièrement de matériaux composites, ce qui constituait une première pour Bombardier. Cette nouvelle technologie a entraîné son lot de défis, et donc de délais. M. Beaudoin s'est cependant montré confiant en ce qui concerne l'avenir du programme.

«Nous connaissons bien les autres systèmes de l'appareil, a-t-il déclaré. Je pense qu'à partir de maintenant, ça devrait bien aller.»

En novembre dernier, Bombardier avait annoncé un report de six mois pour le premier vol de la CSeries, la nouvelle famille de biréacteurs de 110 à 130 places de Bombardier. Hier, M. Beaudoin a déclaré que Bombardier était toujours confiant au sujet de la nouvelle date de ce fameux premier vol, soit juin 2013. Il a insisté sur les importants jalons atteints par ce programme, comme l'homologation de son moteur par Transports Canada mercredi.

Bombardier entend d'ailleurs présenter aux analystes et aux journalistes le premier appareil d'essais de la CSeries, l'avion 001, le 7 mars prochain à Mirabel. Les principaux systèmes et moteurs sont installés, comme les ailes, le train d'atterrissage, les stabilisateurs et les moteurs.

L'avionneur est en train d'assembler trois autres modèles d'essai. Cette tâche emploie déjà des centaines de personnes à Mirabel.

Bombardier prévoit produire 120 appareils de la CSeries par année, mais l'avionneur ne devrait atteindre cette cadence que dans trois ans ou trois ans et demi. Au cours de la première année de production, Bombardier devrait produire de 20 à 30 appareils, pour augmenter progressivement au cours des années.

L'entreprise s'attend à ce que les deux premières années de production aient un effet négatif sur la marge bénéficiaire de Bombardier Aéronautique. Cette situation est due au fait qu'au cours des premières années, les coûts de production par appareil sont plus élevés qu'ils ne le seront par la suite. En outre, les premiers utilisateurs de la CSeries ont droit à un prix préférentiel.

«C'est ce qui se passe pour tous les nouveaux programmes d'avion, pas seulement chez Bombardier, a affirmé M. Beaudoin. Nos concurrents vivent la même chose.»