Deux ports canadiens - celui de Montréal et celui de Prince Rupert, en Colombie-Britannique - sont mis à contribution pour tester une nouvelle formule douanière qui pourrait permettre d'accélérer le transport des marchandises sur tout le continent nord-américain.

Ces deux ports participent à des projets-pilotes visant à mettre en oeuvre le principe « dédouanées une fois, acceptées deux fois », un des éléments clés de l'entente conclue en décembre 2011 entre le Canada et les Etats-Unis afin de réduire les obstacles à la libre circulation des biens et des personnes entre les deux pays, sans négliger la sécurité à la frontière nord-américaine.

En vertu de ce principe, le fret maritime arrivant au port de Montréal sera dédouané par les agents canadiens et il pourra ensuite être acheminé par camions à la fois sur le territoire canadien et sur le territoire américain. Le projet pilote-pilote à Montréal doit commencer d'ici quelques semaines.

Au port de Prince Rupert, où le projet-pilote a commencé au début du mois, le cargo maritime est également inspecté par des agents canadiens et il est ensuite transporté au Canada et aux Etats-Unis par voie ferroviaire sans être examiné à la frontière canado-américaine.

Les deux projets-pilotes doivent durer en tout entre six mois et un an et doivent permettre d'harmoniser les procédures douanières entre le Canada et les Etats-Unis. Si les résultats sont concluants, le fret maritime arrivant à ces deux ports pourrait donc être transporté sur l'ensemble du territoire nord-américain soit par camions ou par trains. D'autres ports pourraient aussi être ajoutés à la liste.

Au port de Montréal, 57% de la marchandise qui arrive est ensuite transporté par camions aux clients. Le reste, 43 %, est transporté par voie ferroviaire jusqu'à sa destination, selon Michèle Beaubien, directrice des communications du port de Montréal.

« Tout ce qui peut assurer la fluidité des marchandises, tout en maintenant un haut niveau de sécurité, va nous permettre d'augmenter notre compétitivité », a indiqué hier Mme Beaubien.

Les gens d'affaires saluent évidemment ces projets-pilotes d'autant plus qu'ils estiment qu'il est urgent de prendre les moyens pour décongestionner la frontière canado-américaine.

Chose certaine, cette nouvelle formule douanière pourrait permettre d'éliminer un irritant majeur pour les entreprises qui doivent parfois s'armer de patience avant d'obtenir la marchandise jugé sûre par une agence douanière.

« Nous voyons d'un bon oeil toutes les initiatives qui visent à rendre les inspections transfrontalières plus efficaces. Nous échangeons plus de 600 milliards de dollars de biens et services avec nos voisins du Sud chaque année. Et toute mesure qui rend ces échanges plus fluides est une bonne nouvelle pour les entreprises canadiennes », a affirmé Émilie Potvin, directrice des affaires publiques à la Chambre de commerce du Canada.

Selon le ministre du Commerce international, Ed Fast, les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis ont atteint une telle maturité qu'il est à l'avantage des deux pays d'éliminer de tels dédoublements.

« La relation entre le Canada et les Etats-Unis forme l'une des plus belles réussites en matière d'échanges commerciaux et nous collaborons non seulement à la frontière, mais aussi par-delà la frontière pour accroître notre prospérité commune », a dit M. Fast.

Selon Rudy Husny, un proche collaborateur du ministre Fast, les ports du Québec et de l'Atlantique, en tant que porte d'entrée du commerce nord-américain, pourront profiter rapidement des retombées d'un futur accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne si l'on peut assurer une fluidité accrue des marchandises à la frontière canado-américaine.

Ces deux projets-pilotes sont les premiers d'une série qu'entreprendront le Canada et les Etats-Unis au cours des prochains mois dans le but de mettre en application la stratégie intégrée de sécurité du fret, une des composantes du plan d'action annoncé par le premier ministre Stephen Harper et le président américain Barack Obama l'an dernier.