Le fret aérien est particulièrement vulnérable à une attaque terroriste. Or, plus de la moitié de ce fret est transporté dans la soute d'avions remplis de passagers.

L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) a donc placé cette question tout en haut de l'ordre du jour d'une conférence internationale qu'elle a organisée cette semaine à Montréal pour discuter de la sûreté dans l'aviation.

Un cas frappant

Le monde de l'aviation a réalisé la vulnérabilité du secteur du fret aérien il y a un peu moins de deux ans, lorsque les autorités ont intercepté à Dubaï et au Royaume-Uni deux colis contenant des substances explosives. Les paquets, qui avaient voyagé à bord de vols commerciaux, provenaient du Yémen et étaient adressés à des synagogues de la région de Chicago. L'un des colis semblait à première vue contenir une cartouche d'encre pour imprimante.

«Le fret aérien continue à être vulnérable», a déploré Henrik Hololei, chef du cabinet du vice-président de la Commission européenne, lors de la séance d'ouverture de la conférence de haut niveau hier à Montréal.

La secrétaire de la Sécurité intérieure des États-Unis, Janet Napolitano, a exhorté les membres de l'OACI à approuver rapidement des normes internationales pour le fret et le courrier aériens.

«Il faut agir plus rapidement», a lancé Mme Napolitano aux participants à la conférence.

Des mesures au Canada

Le ministre canadien des Transports, Denis Lebel, a affirmé qu'Ottawa avait pris les mesures nécessaires pour augmenter la sécurité du fret aérien en modernisant les procédures d'inspection et en resserrant les normes tout le long de la chaîne d'approvisionnement.

«Nous nous concentrons sur la chaîne d'approvisionnement afin de donner à l'industrie la possibilité d'inspecter le fret là où c'est le plus efficace, a déclaré M. Lebel aux participants. Il s'agit de mesures pour faciliter le commerce international et favoriser la croissance économique.»

Il s'agit là d'un point extrêmement important pour les membres de l'OACI: comment resserrer les mesures de sécurité sans entraver le commerce international et sans trop incommoder les voyageurs.

«Il est important d'établir un équilibre», a déclaré Abdul Rahim Bakri, sous-ministre des Transports de Malaisie.

Les participants se pencheront notamment sur l'établissement d'équivalences pour reconnaître les mesures de sûreté établies dans un autre territoire, ce qui limiterait la répétition des inspections des passagers, des bagages et du fret en cours de route.

Nouvelles technologies

Le développement de nouvelles technologies de détection devrait également permettre de réduire les désagréments causés aux passagers. On donne l'exemple des liquides, aérosols et gels, qui sont encore soumis à des restrictions. De nouvelles technologies de filtrage permettront de lever progressivement ces restrictions, mais comme ces technologies ne sont pas encore disponibles partout, les États devront se coordonner. Ceux qui appliquent encore les restrictions devront accepter la validité des technologies de filtrage utilisées ailleurs.

Les participants à la conférence discuteront également de l'inspection de tous les employés des lignes aériennes et des aéroports pour réduire la «menace interne». Ils aborderont également les nouvelles technologies liées aux documents de voyage, comme l'inclusion de puces électroniques dans les passeports, et l'obtention de renseignements sur les passagers avant le vol.

Mme Napolitano a affirmé que les États pourront appliquer ailleurs, comme aux frontières terrestres, les leçons apprises dans le monde de l'aviation.