La Cour supérieure a retardé d'une semaine l'attribution du contrat d'entretien des moteurs d'Air Canada à la firme allemande Lufthansa Technik AG.

Ce délai permettra à une autre firme allemande, MTU Aero Engine, d'essayer de contester le processus d'attribution de contrat. MTU espère ultimement remporter cet important contrat.

Le syndicat des anciens employés d'Aveos appuie MTU dans cette initiative, parce que l'offre de cette dernière devrait entraîner plus de retombées au Canada.

«Mon client veut ouvrir un atelier à Montréal, utiliser de l'outillage qui appartenait à Aveos et créer de l'emploi», a déclaré Me François Gagnon, avocat de MTU.

MTU devrait créer plus d'une centaine d'emplois à Montréal et à Vancouver.

De son côté, Lufthansa entend effectuer l'essentiel du travail d'entretien en Europe. Elle a toutefois promis de créer une quinzaine d'emplois à Montréal.

«Mais ce que Lufthansa ne nous dit pas, c'est de quelle sorte d'emplois on parle: est-ce que ce sera un centre de répartition? Un centre d'appel?», se demande Richard Guay, président de la section locale 1751 de l'Association internationale des travailleurs de l'aérospatiale (AIMAT) dans une entrevue avec La Presse Affaires. «Alors que MTU nous garantit qu'il s'agira d'emplois de techniciens.»

Une cinquantaine d'anciens employés d'Aveos ont d'ailleurs manifesté devant le palais de justice, hier après-midi, pour protester contre l'attribution du contrat d'entretien des moteurs d'Air Canada à Lufthansa Technik.

«Lufthansa veut prendre votre travail et l'envoyer en Allemagne», a lancé Jean Poirier, ancien porte-parole de la section locale 1751 maintenant candidat péquiste dans la circonscription montréalaise de Mercier.

En cour, l'avocat de l'AIMTA, Hugh O'Reilly, a remis en doute le processus d'attribution du contrat à Lufthansa Technik. Il a affirmé que Lufthansa avait modifié sa proposition entre l'ouverture des offres, le 7 août, et l'entente finale, deux jours plus tard. Selon lui, rien ne prouvait que l'offre de Lufthansa était supérieure à celle de MTU à l'ouverture des offres.

L'avocat d'Aveos, Me Roger Simard, a toutefois affirmé que l'offre finale de Lufthansa était très supérieure à celle de MTU, soit presque du double.

«Cette cause porte sur plus que quelques millions de dollars», a répliqué M. O'Reilly.

Le juge Jean-Yves Lalonde a refusé d'approuver immédiatement la transaction et a convoqué les parties à revenir en cour le mercredi 22 août pour permettre à MTU et à l'AIMTA d'interroger des témoins pour faire la lumière sur le processus d'attribution du contrat.

Pas d'opposition chez Air Canada

Air Canada ne s'est pas opposée au délai. L'avocat du transporteur, Me Louis Bélanger, a indiqué qu'Air Canada avait une préférence pour le maintien du travail d'entretien au Canada.

Par ailleurs, le juge Lalonde a approuvé hier une transaction qui a eu l'heur de plaire aux anciens employés d'Aveos. Il a ainsi confirmé la vente de la division d'entretien des composantes d'avionique d'Aveos à la firme AJ Walter. Cette entreprise britannique devrait embaucher une centaine d'employés pour relancer ces activités à l'automne. Les effectifs devraient progressivement grimper à environ 300 employés.