Tout va comme prévu. Le développement de la CSeries suit l'échéancier prévu. Le budget est respecté. Les ventes sont respectables.

C'est le message que Bombardier a voulu livrer aux journalistes et aux analystes financiers cette semaine, dans le cadre d'une rencontre organisée à Montréal et à Mirabel en prévision du Salon aéronautique de Farnborough. L'important événement se déroulera en banlieue de Londres à partir du 9 juillet prochain.

«Nous sommes là où nous voulons être», déclare le nouveau président de Bombardier Avions commerciaux, Mike Arcamone.

Le projet doit franchir plusieurs jalons importants au cours des prochains mois. Le premier avion d'essai doit être complété au milieu de l'automne. Le premier vol est toujours prévu pour la fin de 2012. L'entrée en service du CS100, un appareil de 110 places, doit avoir lieu vers la fin de 2013. Le CS300, un appareil de 130 places, doit entrer en service un an plus tard.

Bombardier avait prévu une certaine marge de sécurité dans son échéancier afin de faire face aux imprévus. Or, l'avionneur est déjà passé à travers cette marge et doit maintenant jouer serré.

«Nous avons des défis, nous travaillons sept jours par semaine, mais selon les informations que j'ai, nous sommes sur la bonne voie pour respecter ces jalons», soutient M. Arcamone.

Certains délais pourraient être causés par les fournisseurs. Lorsqu'un tel risque pointe, Bombardier s'implique.

«Nous travaillons avec eux, précise M. Arcamone. Nous mettons les ressources nécessaires.»

Un autre risque est lié aux changements que l'avionneur doit parfois apporter au design de l'appareil, ce qui peut provoquer une réaction en chaîne.

«Nous avons des rencontres tous les jours au sujet des changements, explique Robert Dewar, vice-président et directeur général de la CSeries. Nous regardons s'ils sont vraiment nécessaires. C'est très rigoureux comme processus.»

Le développement du moteur, une turbosoufflante à réducteur conçue par Pratt & Whitney, suit également l'échéancier prévu. Le moteur qui équipera la CSeries, et qui sera également fabriqué à Mirabel, a déjà effectué 1500 heures d'essais en vol.

Le développement de la CSeries aura nécessité un investissement de 3,4 milliards de dollars. Son succès pourrait soutenir jusqu'à 2500 emplois dans l'industrie aéronautique de la région de Montréal.

«Selon les informations que j'ai, nous respectons le budget», déclare M. Arcamone.

Il reste la question des commandes: Bombardier est satisfaite de la situation actuelle. L'avionneur a reçu des commandes fermes pour 138 appareils, des options et des droits d'achat pour 134 appareils supplémentaires et des lettres d'intentions pour 45 autres appareils. Toute la production est vendue jusqu'en 2016.

M. Arcamone souligne que Bombardier peut compter sur 11 clients situés en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il s'agit de grands transporteurs classiques, de transporteurs à bas coûts et de sociétés de location.

«Depuis le lancement de la CSeries, en 2008, nous avons remporté 66% des commandes dans la catégorie des appareils de 100 à 149 places», fait-il valoir.

Bombardier vise toujours 50% de ce marché.

«Beaucoup de nos clients nous ont offert de faire la promotion de notre avion», affirme le vice-président au marketing de Bombardier Avions commerciaux, Philippe Poutissou.

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, note que le carnet de commandes de la CSeries est mieux garni que celui de la famille E-Jet d'Embraer à la même étape de son développement.

«Les commandes pour l'E-Jet ont accéléré après le premier vol et le programme était en bonne voie d'être un succès commercial lors de l'entrée en service en 2004, écrit-il dans un rapport d'analyse. Nous nous attendons à une situation similaire pour Bombardier. Le premier vol devrait être un catalyseur majeur et amener les transporteurs à passer des commandes.»

Il s'attend à ce que certains clients potentiels n'attendent pas jusque-là et passent des commandes à l'occasion du salon de Farnborough.

M. Arcamone a toutefois soutenu que Bombardier ne synchronisait pas ses commandes avec les salons aéronautiques.