Le comité québécois qui cherche à trouver un acquéreur pour les actifs d'Aveos n'a toujours pas déniché la perle rare.

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Et pourtant, les parties intéressées à faire l'acquisition de ces actifs ont jusqu'à demain pour déposer une offre auprès du contrôleur, la firme FTI Consulting.

«Nous sommes dans le comité de relance avec le ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation (MDEIE) et le Fonds de solidarité FTQ, nous rencontrons de futurs investisseurs, mais jusqu'ici, il n'y a pas d'offres sérieuses», a indiqué la semaine dernière la porte-parole d'Investissement Québec, Chantal Corbeil, dans une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Elle a noté qu'Investissement Québec n'intervenait que lorsqu'un projet nécessitait son assistance.

«Pour l'instant, il n'y en a pas», a-t-elle déclaré.

Patrick McQuilken, responsable des communications au Fonds de solidarité FTQ, a également indiqué que l'organisation n'avait encore reçu aucun dossier.

«Il n'y a rien de nouveau», a-t-il déclaré à La Presse Affaires.

Si le comité de partenaires québécois ne semble pas avoir réussi à ficeler un projet d'acquisition, cela ne signifie pas que les actifs d'Aveos n'intéressent personne. Au contraire. Plusieurs firmes étrangères qui n'ont pas besoin de l'aide du gouvernement québécois ou du Fonds de solidarité pourraient déposer une offre. Il est toutefois fort possible que ces firmes ne soient pas intéressées à acquérir l'ensemble des actifs d'Aveos, mais une partie seulement.

Aveos comprend trois grands secteurs: la maintenance des moteurs, la maintenance des composantes (comme les trains d'atterrissage) et la maintenance de la cellule (l'appareil lui-même). Un investisseur peut offrir d'acquérir un seul secteur s'il le désire.

Plusieurs noms d'entreprises de maintenance qui pourraient être intéressées ont circulé au cours des dernières semaines, à commencer par Lufthansa Technik. L'entreprise allemande n'a toutefois pas répondu au courriel envoyé par La Presse Affaires.

Delta TechOps, une entreprise de maintenance liée à Delta Airlines, n'a pas non plus répondu aux appels de La Presse Affaires. De leur côté, AFI KLM E&M, liée à Air France, et MTU Aero Engins Holding, spécialisée dans la maintenance de moteurs, ont refusé de faire quelques commentaires que ce soit.

Aveos a brusquement fermé ses portes le 18 mars dernier, ce qui a entraîné la perte de 2600 emplois, dont 1800 à Montréal. L'entreprise a déclaré faillite quelques jours plus tard.

Aveos faisait auparavant partie d'Air Canada, mais elle est devenue une filiale après la restructuration du transporteur en 2003. La nouvelle société mère d'Air Canada, Gestion ACE Aviation, s'était peu à peu départie de ses diverses filiales, soit Aveos, le transporteur régional Jazz et le programme de voyageurs fréquents Aéroplan.

Air Canada était cependant demeuré le principal client d'Aveos.

Le premier mai dernier, Air Canada a déposé une requête à la Cour supérieure du Québec pour obtenir l'autorisation d'annuler les contrats de maintenance qu'elle avait conclus avec Aveos. Le transporteur a fait valoir qu'Aveos n'était plus en mesure d'effectuer la maintenance de ses appareils, ce qui lui causait des dommages substantiels.

Comme les contrats avec Aveos sont toujours officiellement en vigueur, Air Canada est incapable de conclure une entente à long terme avec un autre fournisseur de services de maintenance. Le transporteur risque donc de se retrouver avec des services ponctuels, plus chers, offerts à des moments peu propices.

Requête contestée

Aveos et l'Association des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA), qui représente les travailleurs d'Aveos, ont contesté cette requête, affirmant qu'elle était prématurée.

L'AIMTA a notamment soutenu que l'annulation du contrat conclu entre Aveos et Air Canada minerait le processus de vente des actifs d'Aveos puisque cela ferait disparaître le principal client de l'entreprise de maintenance.

«Il serait dans l'intérêt des employés et de la population en général que le tribunal permette au processus de vente d'aller de l'avant, sans annulation des contrats, ce qui permettrait de sauver potentiellement des centaines, ou même des milliers d'emplois qualifiés au Canada», a fait savoir l'AIMTA dans sa contestation.

Air Canada a soutenu que l'annulation des contrats ne minerait pas le processus de vente, mais le faciliterait en le simplifiant et en clarifiant la nature des actifs en jeu.